À l’approche de la conclusion des « 100 jours », une réorganisation gouvernementale semble se dessiner. La cheffe du gouvernement paraît moins en danger qu’il y a quelque temps, cependant, certains membres du cabinet pourraient voir leur poste s’évaporer.
Alors qu’elle se tenait au perchoir de l’Assemblée pour défendre la 17e motion de censure déposée par les oppositions depuis son arrivée à Matignon, Élisabeth Borne a surpris tout le monde en restant à son poste de Première ministre. La locataire de Matignon a commencé à mettre en place de nouveaux projets, au-delà de la fameuse feuille de route des 100 jours, en faisant l’éloge du « courage » de son gouvernement.
Si Élisabeth Borne semble moins menacée qu’il y a quelques semaines, des rumeurs de remaniement persistent. Les téléphones chauffent, les courtisans sont de plus en plus pressants et les CV s’accumulent sur le bureau d’Emmanuel Macron. « Il regarde ce qui marche et ce qui ne marche pas », raconte un de ses fidèles, qui assure qu’un remaniement se prépare en coulisses, « avant le 14 juillet ».
Elisabeth Borne s’accroche à Matignon
Contrairement à ce qu’il avait laissé entendre, Emmanuel Macron ne souhaite plus attendre la fin des fameux « 100 jours », calendrier donné à Élisabeth Borne, pour essayer de sortir le pays de la crise politique et sociale après la réforme des retraites. « Tous les grands jalons de la feuille de route ont été posés », se défend l’entourage de la Première ministre, citant pêle-mêle la France Travail, les annonces pour la petite enfance et la loi sur l’industrie verte.
« Elle fait très bien son travail », admet un ministre, qui reconnaît cependant qu’un problème demeure. « Macron et Borne ne sont toujours pas alignés idéologiquement ; il fait semblant qu’elle existe. » D’ailleurs, les noms de Julien Denormandie ou Richard Ferrand, fidèles parmi les fidèles du président, continuent de circuler pour la remplacer. Mais Élisabeth Borne s’accroche : « Il aimerait la changer, mais les conditions ne sont pas réunies », assure un confident du chef de l’Etat. Autrement dit, il n’y a pas de nouvelle donne politique, la majorité est toujours relative et, à ce jour, un accord ou une alliance avec Les Républicains semble relever de la politique fiction.
Certains ministres menacés
Plusieurs ministres pourraient faire les frais du nouvel élan qu’Emmanuel Macron entend donner à son quinquennat avant l’été. Parmi eux, on trouve les ministres embarrassés par leurs démêlés judiciaires, comme Eric Dupond-Moretti et Olivier Dussopt, ceux qui ne sont plus en odeur de sainteté, comme la médiatique Marlène Schiappa, ou les ministres venus de la société civile, François Braun (santé) et Pap Ndiaye (Éducation nationale).
« Les deux grands services publics sont affaiblis, ils n’ont pas pris leurs sujets à bras-le-corps », critique un de leurs collègues, qui regrette, par exemple, la gestion de l’affaire Lindsay, cette jeune fille de 13 ans qui s’est suicidée mi-mai. « Pap, c’est un bon chercheur, mais ministre, c’est un métier. Il aurait dû passer au 20h de TF1 et avoir des mots durs contre le harcèlement. » Un exemple suffisant pour que les langues se délient : « L’équipe ne tient pas la route », enchaîne sèchement un conseiller.
Pour renouveler l’équipe, des profils plus expérimentés, habitués des plateaux télé et avec un CV plus politique, sont recherchés. « Nous devons être une équipe d’attaquants, pas de défenseurs », tranche un ministre de premier plan. D’où l’idée avancée en coulisses : aller puiser dans le vivier des députés, certains stratèges regardent aussi du côté du Sénat, qui sera renouvelé de moitié en septembre – un Sénat majoritairement composé de Républicains, et des maires de province sont également sondés. Mais une difficulté persiste : à moins de quatre ans de la fin du quinquennat, la Macronie n’a toujours pas de banc de touche et le poste de ministre ne fait plus autant rêver.