La projection du documentaire « Auto, fin d’une époque? » aura lieu le dimanche 4 juin à 20h55 sur la chaîne France 5. Ce film analyse le virage fondamental emprunté par la filière automobile européenne pour faire face au défi du réchauffement climatique.
« La voiture de demain, c’est une voiture qui est petite, qui est accessible et qui est partagée, donc il faut tout réorienter. » Ainsi imagine Karima Delli, députée européenne écologiste française et membre de la commission des transports au Parlement européen, l’avenir proche de l’automobile. Le moteur doit être électrique et non thermique pour répondre à la nécessité de diminuer les émissions de gaz à effet de serre, responsables du réchauffement climatique. Les constructeurs européens font face à un défi, car ils doivent se réinventer pour répondre aux exigences du Parlement européen. Ce dernier a voté, le 14 février, un projet de réglementation interdisant la vente de voitures neuves à moteur thermique à partir de 2035.
Ce tournant écologique s’appuie sur les rapports du Giec, groupe intergouvernemental d’experts sur le climat, et nécessite de repenser la voiture de demain. Le documentaire Automobile, la fin d’une ère ?, réalisé par Thomas Lafarge et diffusé le 4 juin à 20h55 sur France 5, examine la pertinence de cette révolution électrique. Il revient sur l’histoire de la voiture, si populaire, sur les raisons du retard des fabricants européens dans l’électrification de leurs véhicules, sur les conséquences économiques de ces changements et sur la future apparence des modèles.
Un objet de désir devenu coupable
C’est au début du XXe siècle que l’automobile connaît une expansion fulgurante, révolutionnant l’économie des pays constructeurs et transformant profondément les sociétés. La filière automobile florissante devient le symbole de la vitalité de l’économie française. Objets de désir pour les consommateurs, les voitures atteignent leur apogée dans les années 1970, jusqu’au premier choc pétrolier. Synonymes de liberté, les automobiles deviennent indispensables au quotidien et bénéficient d’innovations technologiques de plus en plus sophistiquées.
Cependant, dans les années 1990, l’opinion publique commence à changer, comme le montre le documentaire. La pollution, les gaz à effet de serre et le réchauffement climatique remettent en question l’automobile, qui est considérée comme responsable de la pollution. Des seuils d’émissions sont fixés au niveau européen dès 1998, obligeant l’industrie à changer de stratégie. Pourtant, les efforts des constructeurs sont insuffisants face à un changement climatique qui s’accélère d’année en année.
« Revenir aux besoins des gens »
La Commission européenne, alertée par la communauté scientifique, cherche à convaincre les différents acteurs du secteur automobile de rendre leurs véhicules écologiques. En 2019, elle crée le Pacte vert, également appelé « Green Deal ». Cependant, elle se heurte à une forte résistance des lobbyistes, réticents à l’idée de rendre les voitures plus propres par peur de perdre de l’argent. En 2022, les dirigeants européens et les politiques haussent le ton et parviennent à persuader les récalcitrants de transformer leurs véhicules et de revoir leurs stratégies, relate le documentaire.
« Il faut revenir aux besoins des gens (…), qui ne sont pas nécessairement d’avoir une énorme voiture, mais une petite voiture qui pèse beaucoup moins lourd, » souligne Diane Strauss, directrice France de l’ONG Transport & Environnement dans le film. Un choix qui implique, selon elle, de « revenir sur une logique de production de voitures qui soient adaptées aux besoins des individus et pas seulement aux offres marketing pour faire de la marge ».
« Trois cents kilos plus légère que la voiture actuelle »
Alors que les constructeurs chinois et américains sont en tête sur le marché de la voiture électrique, la France tente de rattraper son retard en toute hâte. Soutenus par l’État, les constructeurs français rivalisent de créativité pour séduire les consommateurs qui ont du mal à changer leurs habitudes et qui rêvent de voitures toujours plus imposantes.
Un choix qui ne va pas dans le sens de l’histoire, déplore Jacques Portalier, ancien ingénieur motoriste chez Peugeot. Aujourd’hui, il travaille pour une ONG qui propose des solutions pour la transition énergétique. « Pour nous, en moyenne, la voiture devrait être 300 kilos plus légère que la voiture actuelle (…). Elle devrait avoir une batterie de taille modérée (…) être une voiture aérodynamique, donc pas un SUV, (…) et une voiture raisonnablement équipée », énumère-t-il.
Cependant, repenser et simplifier les automobiles ne trouve pas véritablement d’écho chez les constructeurs, qui fabriquent de nouveaux modèles toujours plus massifs, comme les SUV. « Aujourd’hui, on a quand même un paysage qui se dessine, et qui est un paysage de véhicules électriques qui vont ressembler à s’y méprendre aux véhicules thermiques d’autrefois », déplore Bernard Jullien, du cabinet d’études et de recherche sur l’industrie et les services automobiles Feria. « Et rien, dans ce contexte-là, n’indique que l’automobile sera moins présente dans les sociétés de demain qu’elle ne l’était dans les sociétés d’aujourd’hui. »
Le documentaire Automobile, la fin d’une ère ?, réalisé par Thomas Lafarge, est diffusé le 4 juin à 20h55 sur France 5 et sur france.tv.