Gabriel Attal est sur le point de recevoir le titre de ministre de l’Éducation nationale. Selon la Secrétaire Générale du SNES-FSU, Sophie Vénétitay, le futur ministre aura la tâche de « convaincre Emmanuel Macron de l’importance de prendre des mesures qui diffèrent considérablement de celles privilégiées par le chef de l’État ».
« Le moment crucial pour notre éducation accueille Gabriel Attal« , exprime Sophie Vénétitay, responsable du syndicat Snes-FSU, le jeudi 20 juillet sur 42mag.fr. C’est à ce moment que l’actuel ministre adjoint chargé des finances publiques s’apprête à prendre le poste de ministre de l’Éducation nationale et de la Jeunesse, en remplaçant Pap Ndiaye, comme l’a révélé 42mag.fr ce jeudi suivant des sources gouvernementales.
franceinfo : Comment évaluez-vous la période de Pap Ndiaye au ministère de l’Éducation nationale et de la Jeunesse ?
Sophie Vénétitay
: En une année, il n’a pas vraiment réussi à laisser une empreinte notable, Pap Ndiaye est resté à l’arrière-plan derrière Emmanuel Macron, littéralement et figurativement. À son début, il y avait principalement de l’espoir pour une transformation en termes de style, parce que les échanges avec Jean-Michel Blanquer étaient assez tendus. Durant les premiers mois, il a essayé de renouer un dialogue, mais il fut rapidement embourbé dans la politique d’Emmanuel Macron, au point où ces derniers mois, ses approches étaient similaires à celles du président. L’engagement enseignant étant un sujet critique, fut contesté par tous les syndicats. Néanmoins, Pap Ndiaye, soutenu par Emmanuel Macron, a imposé sa manière de faire. Son passage a donc été un échec en terme de style et de substance.
« Pap Ndiaye n’était pas ouvert aux attentes des employés de l’Éducation nationale. »
Sophie Vénétitaysur 42mag.fr
Qu’espérez-vous de Gabriel Attal ?
Gabriel Attal, qui est bien connu d’Emmanuel Macron puisqu’il le suit depuis son premier mandat, va-t-il s’imposer en tant que collaborateur du président où endossera-t-il véritablement le rôle du ministre en s’occupant des problèmes auxquels est confrontée l’Éducation nationale ? Gabriel Attal prend son poste en un temps crucial pour notre système éducatif : nous avons des difficultés à recruter, avec des postes d’enseignants qui sont toujours vacants pour la rentrée à venir et un taux de démission en constante augmentation. Il devera utiliser son influence pour convaincre Emmanuel Macron d’adopter des mesures radicalement différentes de celles défendues par le président. Sinon, il sera perçu comme un allié dans l’amoindrissement de l’éducation publique.
Qu’allez-vous partager avec ce nouveau ministre ?
Un point à traiter rapidement concerne les salaires. Emmanuel Macron avait assuré une hausse de 10% pour tout le monde en janvier 2023, or, on risque d’avoir seulement +5,5% en moyenne en septembre. Il manque donc encore beaucoup pour véritablement valoriser nos métiers. La première chose que l’on compte lui demander, et nous espérons qu’il sera sensible à cet argument au vu de son précédent poste de ministre délégué chargé des Comptes publics, est d’injecter 3,6 milliards d’euros pour augmenter de 10% le salaire de tous les enseignants. Nous voulons aussi lui rappeler que, alors qu’Emmanuel Macron évoque une privatisation de l’école et que Gabriel Attal était le premier partisan du SNU en 2018, nos jeunes et notre société ont besoin de l’école publique. La solution à la suite des révoltes doit être plus d’école publique, plus de service public, plus d’enseignants, et non pas le projet porté par Emmanuel Macron.