Emmanuel Macron, dont l’intervention était anticipée depuis plusieurs jours, s’est finalement exprimé ce lundi à 13h sur les chaînes TF1 et France 2 à l’occasion d’un rendez-vous télévisé plutôt hors du commun. Voici ce qu’il faut comprendre.
Emmanuel Macron est resté devant les caméras pendant 31 minutes, le temps de son interview avec TF1 et France 2, depuis la Nouvelle-Calédonie. Certains ont pris cette intervention pour celle qui n’arriverait jamais, étant donné que le Président a décidé de ne pas s’exprimer le jour de la fête nationale du 14 juillet. C’est donc depuis l’Océan Pacifique, où il a commencé une visite d’ une semaine, qu’Emmanuel Macron a abordé diverses thématiques.
D’un point de vue détaillé, l’interview était significativement longue, mais avec peu ou pas de nouvelles annonces. Le Président a fait état d’un bilan satisfaisant après les « 100 jours de tranquillité », suite à la crise engendrée par la réforme des retraites. Il a également défini les principales directives pour les semaines et mois à venir, avec cette exigence « l’ordre, l’ordre, l’ordre« , en réaction aux émeutes qui se déroulent en ville, affirmant qu’il n’y avait « pas d’alternative majoritaire » pour une meilleure défense des réalisations discutables de son gouvernement.
Prouesse technique
Sur la forme, cette conversation a pu étonner les citoyens, tout comme les commentateurs politiques. Il y a d’abord le « timing » : une session de questions-réponses à 13h, en plein milieu des vacances d’été, et dix jours après un 14-Juillet sans aucun discours.
Ensuite, l’entretien a été réalisé dans des conditions techniques inhabituelles, voire inédites pour un président en exercice en France. Il faut souligner notamment l’origine de ce rendez-vous : cette interview, menée par Nathanaël de Rincquesen pour France 2 et Jacques Legros pour TF1, a été décidée à la va-vite, durant le week-end, et mise en place rapidement à quelque 16 000 km de l’Élysée. Enfin, il y a le décalage horaire : à 13h en métropole, il est 22h à Nouméa. Le président n’avait pas l’intention de se mettre en scène dans un paysage de carte postale.
Tous ces facteurs ont conduit l’Élysée à décider d’enregistrer l’entretien dès l’arrivée d’Emmanuel Macron à l’aéroport La Tontouta de Nouméa. Il s’est donc rendu dans les studios de la chaîne Nouvelle-Calédonie la Première, mais sans la présence des deux interviewers : les deux présentateurs du JT de 13h ont dû rester sur leurs plateaux, afin d’assurer la présentation du journal, comme à leur habitude. Voilà pourquoi on ne voit qu’un plan rapproché des visages des trois hommes, ils n’étaient pas réunis pour ce « triplex », qui est une véritable prouesse technique.
Cependant, de courts moments de silence de une à deux secondes ont pu se produire. Emmanuel Macron a pu s’exprimer librement : c’était difficile pour les journalistes de le contredire ou de le relancer, vu qu’il y avait plusieurs secondes de décalage entre les journalistes en plateau à Paris et le président à Nouméa.
Rencontre des ministres dans l’avion
Pour conclure, en coulisses, bien que l’interview ait été enregistrée « comme en direct », selon la formule consacrée, le président a voulu transmettre un message clair et politique. Ainsi, il a consacré du temps à préparer cette intervention, et c’est le moins que l’on puisse dire. Pour préparer ces sujets, Emmanuel Macron a utilisé les environ 24 heures passées en avion entre la France continentale et l’archipel.
D’ailleurs, l’un des passagers du vol présidentiel a révélé que Macron a pris le temps de parler, de consulter, de poser des questions aux ministres qui l’accompagnent. Il a ainsi pu réunir Gérald Darmanin, ministre de l’Intérieur et des Outre-mer, Philippe Vigier, qui a pris vendredi dernier les fonctions de ministre délégué chargé des Outre-mer, Sébastien Lecornu, ministre des Armées, Catherine Colonna, ministre de l’Europe et des Affaires étrangères… Mais uniquement en tête à tête dans l’avion présidentiel. Cela démontre l’importance que l’Élysée accordait à cette interview.