Selon Blast Media, le père du député gère une compagnie d’audit et de consultation qui est, par une voie détournée, devenu l’un des fournisseurs clés de Pôle emploi. La personne concernée affirme qu’elle a elle-même contacté le conseiller éthique de l’Assemblée nationale « immédiatement après sa désignation ».
Le projet de loi « pour le plein emploi » a désormais pour corapporteur Marc Ferracci, représentant du parti Renaissance. Ce projet vise à réaménager le fonctionnement de Pôle Emploi qui doit se métamorphoser en « France Travail ». Cependant, la désignation de Marc Ferracci génère une certaine agitation à la suite d’un article de Blast qui soulève un éventuel conflit d’intérêts conséquent. Le site web d’information met en lumière que Pierre Ferracci, le père de Marc Ferracci, est à la tête du groupe Alpha, une grande firme d’audit et de conseil qui se trouve être l’un des principaux collaborateurs de Pôle emploi. L’article insinue que « l’évolution de l’entité publique en France Travail pourrait générer une expansion majeure des actions des sous-traitants ».
Très ami d’Emmanuel Macron, dont il a été le témoin lors de son mariage, Marc Ferracci, actuel député pour la Suisse et le Liechtenstein, a été conseiller spécial de Muriel Pénicaud au ministère du Travail. Il a notamment exercé une influence sur la première réforme de l’assurance-chômage. Il détient également 35% d’Icare Finance, « la structure familiale portant la part de Pierre Ferracci dans le groupe Secafi Alpha », comme le précise Blast.
Sur Twitter, le dirigeant du groupe parlementaire Les Républicains, Olivier Marleix, dénonce un « amalgame des rôles inacceptable ».
Posséder 35% du capital de la société mère du principal collaboreur de Pôle emploi et « en-se-même temps » être le corapporteur de la loi concernant le futur de Pôle emploi, fait preuve d’un amalgame des rôles inacceptable. @YaelBRAUNPIVET https://t.co/CFXIJIt53L
— 🇫🇷 Olivier Marleix (@oliviermarleix) 13 Juillet 2023
« Au vu des dispositions du texte [le projet de loi « plein emploi »], l’entreprise du père du corapporteur – dont il serait à la fois actionnaire indirect et éventuel héritier – pourrait connaître un grand essor grâce à l’inscription de milliers de personnes à France Travail », révèlent les députés socialistes Boris Vallaud et Arthur Delaporte dans une lettre adressée à Fadila Khattabi, présidente de la commission des affaires sociales de l’Assemblée et représentante de Renaissance.
Marc Ferracci dénonce des allégations « trompeuses »
Les deux élus s’interrogent sur une possible infraction aux clauses du règlement du Palais-Bourbon en ce qui concerne les conflits d’intérêts. Ils suggèrent que Marc Ferracci se retire de son poste de corapporteur du projet de loi « plein emploi » et sollicitent Mme Khattabi à consulter le « déontologue » de l’Assemblée.
Jeudi, Marc Ferracci a répondu de manière succincte en affirmant avoir déjà consulté le « déontologue » « sitôt sa nomination ». Par ailleurs, le vice-président du groupe Renaissance précise qu’il prendra en compte « bien sûr son conseil ». Dans un communiqué publié en réponse à l’article de Blast, Marc Ferracci rejette également avec vigueur les allégations des élus socialistes, qualifiées de « trompeuses ». Il insiste sur le fait que le groupe Alpha n’a pas de relation ni même d’alliance concernant les services de mise en place des demandeurs d’emploi pour Pôle emploi.
Le député, qui porte une attention particulière à la question du conflit d’intérêts, assure qu’il avait déjà prévu de ne pas intervenir sur le chapitre 2 du projet de loi, dédié à France Travail. Pour Marc Ferracci, sa contribution aux débats sur le chapitre 1, axé sur l’accompagnement des demandeurs d’emploi, n’implique pas de conflit d’intérêts.