Les législateurs français ont convenu que la police devrait pouvoir espionner les suspects en activant à distance la caméra, le microphone et le GPS de leurs téléphones et autres appareils.
Faisant partie d’un projet de loi plus large sur la réforme de la justice, la disposition sur l’espionnage a été attaquée par la gauche et les défenseurs des droits comme une charte des fouineurs autoritaires, bien que le ministre de la Justice Eric Dupond-Moretti insiste sur le fait qu’elle n’affecterait que « des dizaines de cas par an ».
Couvrant les ordinateurs portables, les voitures et autres objets connectés ainsi que les téléphones, la mesure permettrait la géolocalisation des suspects dans des crimes passibles d’au moins cinq ans de prison.
Des appareils pourraient également être activés à distance pour enregistrer le son et les images de personnes soupçonnées d’infractions terroristes, ainsi que de délinquance et de crime organisé.
Les dispositions « soulèvent de sérieuses inquiétudes quant aux atteintes aux libertés fondamentales », a écrit le groupe de défense des droits numériques La Quadrature du Net dans un communiqué de mai.
Il a cité le « droit à la sécurité, le droit à la vie privée et à la correspondance privée » et « le droit d’aller et venir librement », qualifiant la proposition de « glissade vers une sécurité autoritaire ».
« Loin de 1984 »
Lors d’un débat parlementaire mercredi soir, les députés du camp du président Emmanuel Macron ont inséré un amendement limitant le recours à l’espionnage à distance « lorsqu’il est justifié par la nature et la gravité du crime » et « pour une durée strictement proportionnelle ».
Tout recours à la disposition doit être approuvé par un juge, tandis que la durée totale de la surveillance ne peut excéder six mois.
Les professions sensibles telles que les médecins, les journalistes, les avocats, les juges et les députés ne seraient pas des cibles légitimes.
« Nous sommes loin du totalitarisme de ‘1984’ », le roman de George Orwell sur une société sous surveillance totale, a déclaré Dupond-Moretti.
« La vie des gens sera sauvée » par la loi, a-t-il ajouté.
La mesure contestée, qui fait partie d’un article contenant plusieurs autres dispositions, a été votée par les députés alors qu’un projet de loi de refonte de la justice plus large fait son chemin au Parlement.