L’unité de Léon Gautier fait partie de la première vague de libérateurs le 6 juin 1944
Léon Gautier, dernier survivant du commando français du Jour J, est décédé à l’âge de 100 ans.
M. Gautier était le dernier des 177 marines qui ont débarqué en Normandie le 6 juin 1944. Il est décédé lundi (3 juillet), après avoir passé ses derniers jours à l’hôpital.
Il avait fêté ses 100 ans en octobre et était auparavant revenu en Normandie pour vivre sa retraite. Il était originaire de Nantes.
Dans une interview accordée à un journaliste à l’occasion du 77e anniversaire du débarquement, M. Gautier a déclaré : « Il fallait qu’il y ait une dernière personne, et c’est moi… la preuve est dans le pudding !
L’ancien commando était devenu ces dernières années une figure majeure de la commémoration du Débarquement et, à l’occasion du 79e anniversaire du débarquement, il a assisté à la cérémonie de Colleville-Montgomery aux côtés du président Emmanuel Macron.
Romain Bail, le maire de Ouistreham, a déclaré à l’occasion du 100e anniversaire de M. Gautier l’année dernière : « C’est un symbole parce que, comme la reine Elizabeth II, il a vécu le 20e siècle, qui a été difficile et douloureux.
« Mais il a vu la paix sur le continent européen, et il a toujours été déterminé à transmettre ce que lui et ses frères d’armes ont voulu transmettre le 6 juin 1944 : un message de paix et de liberté. »
M. Gautier avait, quelques années plus tôt, dit dans une interview: « Nous devons tout faire pour maintenir la paix. Il y a des pères qui meurent, des veuves et des enfants qui pleurent, des mères qui pleurent leurs fils. La guerre n’est pas agréable, que ce soit d’un côté ou de l’autre. Il ne faut pas oublier que l’ennemi vit la même chose, ils ont aussi des familles.
« La guerre consiste à tuer des gens. Et tuer des gens n’est pas un plaisir. Quand ils se sont rendus, j’étais heureux. »
Enrôlement et voyage pendant la Seconde Guerre mondiale
M. Gautier n’avait pas tout à fait 17 ans lorsque la Seconde Guerre mondiale éclata. Il a rapidement cherché à s’enrôler pour le service et a expliqué son état d’esprit à l’époque.
Il a dit : « J’étais un patriote, on sortait tout juste de la Première Guerre mondiale, et on ne pensait pas beaucoup aux Allemands, on les appelait les Boches. Mon père et mon grand-père étaient des vétérans de la Première Guerre mondiale et nous détestions les Allemands, pas seulement Hitler.
Il rejoint les fusiliers de la mer et embarque sur le cuirassé Le Courbet en février 1940. Ce sera le dernier navire à quitter les côtes françaises. Après la chute de la France, le groupe se dirige vers l’Angleterre, avant que le général de Gaulle lance son fameux appel.
« On nous a mis dans un camp à Sheffield », a déclaré M. Gautier. « Là, j’ai appris que le général De Gaulle formait une armée et recrutait des volontaires. Naturellement, je me suis engagé. »
Ce nouveau voyage l’a mené en mer du Nord, en Atlantique, en Afrique et au Liban. Plus tard, il devient l’un des 177 Français à rejoindre le premier bataillon de la France libre, le commando Kieffer (du nom de son commandant, Philippe Kieffer).
Après des mois d’entraînement en Angleterre, le commando s’embarque pour la France.
M. Gautier a déclaré: « Kieffer nous a convoqués avant le départ et nous a dit: » Messieurs, vous connaissez les plans, vous savez ce qui vous attend, vous ne serez peut-être pas une dizaine à revenir intacts. Ceux qui ne veulent pas venir doivent venir me voir. Je ne le blâmerais pas. Mais tout le monde est parti. »
Le commando fait partie de la première vague de libérateurs. Ils ont atterri à 07h55 sur la plage de Colleville-Montgomery, près de Ouistreham. La bataille de Normandie ne faisait que commencer et le commando resta en première ligne pendant 70 jours.
« À la fin de la campagne, [only] 24 d’entre nous n’avaient pas été blessés », a déclaré M. Gautier.
Des années en Angleterre… et retour en France
Il retourna finalement en Angleterre pour épouser Dorothy Banks, qu’il avait rencontrée en 1943. Le couple se promenait le 8 mai 1945, lorsqu’ils apprirent la nouvelle que la guerre était finie.
« Nous avons commencé à pleurer comme des enfants », a-t-il dit. « Ce fut une journée merveilleuse pour nous. Nous avions gagné la guerre. Nous rentrions à la maison. »
M. Gautier a tenté de trouver un logement en France mais est finalement retourné en Angleterre, où il a travaillé comme carrossier pendant sept ans. Il a ensuite pris sa retraite en France avec sa femme, à Ouistreham, principalement en raison de sa proximité avec toutes les cérémonies commémoratives du jour J, a-t-il précisé.
Il a dit plus tard qu’il aimait voir « des enfants jouer et gambader librement » sur la même plage où il avait atterri des décennies auparavant. « Cela me rend heureux », a-t-il déclaré.
Et pourtant, il a dit qu’il estimait que le général de Gaulle ne faisait pas l’éloge du débarquement de Normandie autant que d’autres parties de la guerre.
« Le général de Gaulle a préféré parler du débarquement en Provence plutôt que sur la côte normande », a déclaré M. Gautier. « Je pense qu’il en voulait de ne pas avoir été prévenu. Je savais avant lui où nous allions atterrir en France. Peut-être qu’à cette occasion, les Britanniques ont manqué d’un peu de diplomatie… ?