Le procureur de la République de Nice a demandé aux juges de réévaluer l’enquête sur l’attaque au camion-bélier qui a fait 86 morts lors des célébrations de la fête nationale dans la ville du sud de la France le 14 juillet 2016. Il a pointé une « négligence » dans les plans de sécurité et a appelé pour un reclassement des infractions en « homicides et blessures involontaires ».
« Depuis plus de six ans, les investigations menées par les magistrats ont révélé des manquements et une série de manquements susceptibles d’avoir directement contribué à l’attentat de Nice », a déclaré le procureur de la République de Nice, Xavier Bonhomme dans un document judiciaire cité par Le Parisien journal mercredi.
Bonhomme a indiqué qu’il était important « de déterminer avec plus de précision la nature du plan de sécurité » mis en place sur la Promenade des Anglais le soir du 14 juillet 2016 alors que la menace terroriste était connue « ou redoutée », et notamment la possibilité d’une attaque par un véhicule.
À la lumière de « la réalité de ces nouveaux éléments », a-t-il dit, les infractions devraient être requalifiées en « homicides et blessures involontaires par maladresse, imprudence, inattention, négligence ou manquement à une obligation de sécurité ou de prudence imposée par la loi ».
L’enquête a été initialement ouverte pour « mise en danger de la vie d’autrui ».
La demande du procureur s’inscrit dans le cadre d’une deuxième enquête sur le drame, visant à comprendre comment l’attentat a pu se produire.
Dans la soirée du 14 juillet 2016, alors que des milliers de personnes se rassemblaient sur la Promenade des Anglais, dans le centre de Nice, pour regarder le feu d’artifice annuel, un camion a foncé dans la foule, tuant 86 personnes et en blessant plus de 400. Parmi eux, 33 étaient des citoyens étrangers et 15 étaient des enfants.
Un procès tenu en décembre 2022, axé sur l’aspect terroriste de l’enquête, a vu des peines de prison allant de deux à 18 ans prononcées contre les huit suspects.
Le chauffeur du camion a été abattu par la police sur les lieux.
Demande d’audiences supplémentaires, documents
En 2017, une deuxième enquête a été ouverte sur la base d’une plainte déposée par plusieurs parties civiles qui accusaient les autorités publiques de « mise en danger de la vie d’autrui ».
Ils ont pointé des dysfonctionnements dans l’organisation sécuritaire du National Day Prom-Party où 30 000 personnes étaient attendues.
Dans cette enquête, quatre personnes ont été placées sous le statut de témoin assisté dont Christian Estrosi, actuel maire de Nice qui a occupé le poste d’adjoint en 2016.
L’équipe du parquet de Bonhomme a également demandé l’audition de 60 policiers et équipages de la police nationale et municipale qui étaient stationnés à certains carrefours de la ville la nuit de l’attaque.
Il a également demandé que les annexes du rapport spécial sûreté IGPN, le rapport d’analyse du risque terroriste 2016 commandé par la Ville de Nice, et la copie de toutes les images de vidéosurveillance du 14 juillet soient versées au dossier d’enquête.
Virginie Le Roy, l’avocate de l’association des victimes de la Promenade des Anges, s’est félicitée du réquisitoire complémentaire du procureur.
Le besoin de vérité des victimes
« Cela répond au besoin de vérité des victimes », a-t-elle déclaré mercredi aux médias publics 42mag.fr.
Elle a pointé « l’insuffisance flagrante des moyens logistiques, matériels et de sécurité humaine déployés à la Prom-Party ».
Le Roy dit s’attendre à ce que les nouvelles investigations permettent « enfin, plus de sept ans après l’attentat, d’obtenir des réponses précises et concrètes, des mises en examen et la tenue d’un procès désormais incontournable ».
C’est maintenant aux trois juges d’instruction de trancher.
L’évolution judiciaire intervient moins d’une semaine après que les familles des victimes se sont réunies sur la Promenade des Anglais pour rendre hommage à ceux qui ont perdu la vie.