Trois des plus grands groupes de presse français cherchent à forcer Twitter à comparaître en justice pour les frais de licence qu’ils disent que le site de médias sociaux doit pour la publication de leur contenu. Alors que Facebook et Google ont trouvé des accords avec des éditeurs français, Twitter a pour l’instant refusé de négocier.
Les groupes qui éditent les quotidiens français Le Figaro, Le Parisien, Les Echos et Le Monde, ainsi que plusieurs magazines et sites d’information, ont demandé aux juges parisiens de convoquer des représentants de Twitter et de sa filiale française, ont-ils indiqué mardi dans un communiqué. .
Le différend porte sur les droits dits voisins : une forme de protection du droit d’auteur qui s’étend aux artistes interprètes, producteurs ou diffuseurs de matériel protégé par le droit d’auteur, et pas seulement à son auteur original. En vertu d’une directive européenne de 2019, désormais intégrée au droit français, le concept permet aux éditeurs de presse de réclamer une rémunération pour toute reproduction de leur contenu sous forme numérique.
Malgré des demandes répétées, ni Twitter France ni Twitter International Unlimited Company n’ont accepté de négocier les frais de licence, ont indiqué les groupes de presse dans leur communiqué.
Ils espèrent que le tribunal pourra obliger les entreprises à fournir les données dont elles ont besoin pour calculer la somme due.
Amende potentielle
« Ils doivent avoir identifié des articles d’actualité utilisés, et ce qu’ils veulent savoir, c’est combien et dans quelle mesure ils ont été utilisés afin d’établir le montant de la rémunération que Twitter leur devrait s’il respectait les droits voisins. « , explique Vanessa Bouchara, avocate spécialisée en propriété intellectuelle.
Twitter « risque de se voir interdire d’utiliser les articles en cause et surtout une sanction pécuniaire », a-t-elle déclaré à 42mag.fr.
Bien qu’il soit difficile de dire combien l’entreprise pourrait être contrainte de payer, en 2021, le régulateur français de la concurrence a infligé une amende de 500 millions d’euros à Google pour ne pas avoir négocié conformément aux instructions avec les entreprises de médias sur l’utilisation de leur contenu. Il s’agit de la plus grosse amende jamais infligée à une entreprise.
Mais comme le souligne Bouchara : « Vous ne pouvez pas comparer Twitter à Google, car Google est un moteur de recherche incontournable et l’utilisation de Twitter n’est certainement pas au même niveau. »
Néanmoins, elle estime que Twitter pourrait être passible d’une amende de « plusieurs millions d’euros » si les régulateurs se prononçaient finalement contre.
Les éditeurs de presse français espèrent que cette menace sera suffisante pour amener l’entreprise à la table des négociations.
La France a été le premier pays de l’UE à intégrer la directive sur le droit d’auteur dans sa législation nationale. Google a initialement refusé de se conformer, affirmant que les groupes de médias bénéficiaient déjà en recevant des millions de visites sur leurs sites Web via ses résultats de recherche, mais ont finalement signé des accords de licence avec un certain nombre de journaux et d’agences de presse français.