Dans un contexte où les pics de chaleur historiques s’enchaînent les uns après les autres, la leader du parti politique « La France Insoumise » soutient que la planète vient de passer par sa semaine la plus chaude depuis plus d’un siècle. Il est très fort probable que cette déclaration soit exacte.
L’observation européenne Copernicus annonce le potentiel record de chaleur pour le mois de juillet 2023
Selon l’observatoire européen Copernicus, juillet 2023 pourrait être « le plus chaud jamais enregistré dans l’histoire ». En vue de sensibiliser le public sur le réchauffement climatique, Mathilde Panot, la présidente du groupe parlementaire La France Insoumise, a révélé une statistique alarmante le 19 juillet sur franceinfo à 8h30, affirmant que « le monde a vécu les sept jours les plus torrides des 100 000 dernières années ».
Cette déclaration a suscité des moqueries sur Twitter, avec des internautes qui se questionnent : « Les thermomètres existaient-ils déjà il y a 100 000 ans ? », « Peux-tu vraiment vérifier ces données? Les enregistrements climatiques remontent seulement à un siècle et demi ».
Cependant, il y a de fortes chances que cette affirmation soit fondée. Bien qu’aucune publication scientifique n’ait formellement énoncé cette information, étant donné que les données sont récentes, plusieurs indicateurs suggèrent que c’est « très probable », d’après le physicien climatologue François-Marie Bréon, interrogé par franceinfo.
Une semaine record en termes de températures depuis le début des observations météorologiques
Au début du mois de juillet, le monde a connu sa semaine la plus chaude, selon les données préliminaires de l’Organisation météorologique mondiale (OMM), qui recueille quotidiennement les températures mondiales. Par exemple, la température moyenne du 7 juillet a atteint un record de 17,4°. C’est la semaine la plus chaude depuis les premières mesures de l’OMM dans les années 50, et « probablement depuis le climat de 1850-1900 pour lequel nous avons des données d’observation », précise la paléoclimatologue Valérie Masson-Delmotte.
Reconnaître que le thermomètre n’est pas éternel, nous devons aussi nous appuyer sur des estimations pour remonter le temps. Ces dernières ne fournissent pas de données météorologiques quotidiennes, mais plutôt des indicateurs climatiques sur plusieurs décennies. Le GIEC (page 6), le groupe d’experts sur le changement climatique, signale que notre décennie est plus chaude que les périodes les plus chaudes, il y a 6 500 ans.
Lorsqu’on remonte à -10 000 à – 100 000 ans, la Terre a connu une ère glaciaire. Pour retrouver des températures comparables à celles d’aujourd’hui, il faut remonter encore plus loin, à plus de 100 000 ans.
Les calottes glaciaires : des archives précieuses pour l’étude du climat passée
Plusieurs méthodes sont utilisées par les scientifiques pour tracer un portrait du climat avant l’ère des enregistrements météorologiques. L’une d’elles consiste à examiner les anneaux de croissance des arbres. Leur épaisseur et leur composition chimique peuvent révéler des variations de température. Par exemple, l’analyse des poutres du château de Fontainebleau (Seine-et-Marne) et des arbres de la forêt environnante a permis « la reconstitution des températures sur les 700 dernières années », selon cette publication du Laboratoire des sciences du climat et de l’environnement.
Pour remonter encore plus loin dans l’histoire climatique de la Terre, les scientifiques étudient également les sédiments marins et les calottes glaciaires, qui contiennent de l’air emprisonné à grande profondeur. L’analyse de ces bulles d’air permet d’estimer les tendances météorologiques sur des centaines de milliers d’années.