La réalisation cinematographique de Pierre Jolivet, inspirée de la bande dessinée d’Inès Léraud et Pierre Van Howe, semble s’égarer dans sa propre thématique.
Depuis qu’il a fait ses débuts dans le monde du spectacle et s’est transformé en cinéaste, Pierre Jolivet n’a cessé de transmettre des messages au travers ses pièces et ses films. Ses convictions en matière d’écologie prennent vie dans Les Algues vertes, dont la sortie était programmée pour le mercredi 12 juillet. Il s’appuie sur le roman graphique d’Inès Léraud et Pierre Van Howe, Les Algues vertes – l’histoire interdite (Delcourt), qui traite de la pollution mortifère au sulfure d’hydrogène (H2S) causée par la décomposition des végétaux marins en Bretagne. Le film, malgré son sujet attrayant, manque toutefois d’entrain.
Scènes d’infiltration
Inès Léaud, une jeune journaliste, change de domicile pour la Bretagne afin de conduire une enquête sur plusieurs décès récents qui ont endeuillé les plages bretonnes. Ces morts seraient la conséquence des émanations provenant des algues vertes en décomposition qui pullulent sur le littoral. Dans le cadre de ses investigations, Inès explore le monde agricole qui constitue l’ossature économique de la région. Elle tente de obtenir des informations auprès des habitants, mais se heurte à un mur de silence qui barre la route à toute vérité.
Depuis 1971, les algues vertes pullulent et ont fait la une des journaux en 2009 bien qu’on en parle moins maintenant. Pierre Jolivet nous remet en mémoire cet enjeu. De ce fait, ce thème est omniprésent dans le film, avec un aspect « scènes d’infiltration » qui est sans doute son point fort. Bien que ce ne soit pas un documentaire romancé à proprement parler, Les Algues vertes semble vaciller entre les deux genres, ce qui fait perdre en vivacité au long-métrage.
Refus obstiné
Ecrit par Pierre Jolivet et Inès Léraud, l’auteure du roman graphique, le film souffre d’un manque de perspective. Le fait de vouloir tout inclure fait que le film se répète et perd en tension dramatique. Inès Léraud observe l’état des plages, interroge les riverains et les habitants, va toquer aux portes des fermes industrielles, s’attire l’hostilité des exploitants… Inès se heurte à une négation et un déni obstinés, qui finalement, restreignent la profondeur des personnages, le récit et la narration. Tourné avec un budget restreint, le film ne mise pas sur la qualité de l’image, même si ce côté reportage joue en sa faveur. Est-ce que le choix du format scope (écran large) est justifié ?
Suivant les traces d’Erin Brockovich (Steven Soderbergh, 2000) – qui traite du problème de l’eau potable aux Etats-Unis -, Pierre Jolivet échoue dans la rédaction et le rythme des Algues vertes. Le sujet se prête pourtant au récit en considérant les choix auxquels sont confrontés les protagonistes – parler ou se taire -, et les politiciens dans leurs décisions. Mais le script tourne en rond, à l’image de la résolution de ce fléau qui continue de sévir.
Le descriptif
Catégorie : Drame / Politique
Réalisateur : Pierre Jolivet
Acteurs : Céline Sallette, Nina Meurisse, Julie Ferrier, Pasquale D’Inca, Clémentine Poidatz, Jonathan Lambert, Adrien Jolivet
Pays : France
Durée : 1h47
Sortie : 12 juillet 2023
Distributeur : Haut et Court
Synopsis : Inès Léraud, une jeune journaliste, s’installe en Bretagne pour enquêter sur des morts suspectes en lien avec le phénomène des algues vertes. Au fil de ses rencontres, elle démonte le mécanisme de silence entourant ce désastre écologique et social. Malgré les pressions, parviendra-t-elle à faire éclater la vérité ?
Le film est une adaptation de « Les Algues vertes – l’histoire interdite », la bande dessinée écrite par Inès Léraud et Pierre Van Hove, qui s’appuie sur l’enquête menée par Inès Léraud sur le scandale des algues vertes.