Dans le compte-rendu diffusé lundi, elle considère que l’usage des conseillers privés a progressivement pris la forme d’une « option de commodité ».
Appel de la Cour des comptes pour un contrôle plus rigoureux de l’utilisation des cabinets de conseil privés par l’Etat
Le lundi 10 juillet, la Cour des comptes a incité l’Etat à définir plus précisément les normes régulant la sollicitation des cabinets d’experts privés, un comportement qui doit être davantage surveillé même si des avancées ont récemment été observées au sein de l’administration. Plus d’une année après le compte rendu du Sénat qui avait désigné comme une « vaste problématique » les missions confiées par l’Etat aux entités privées, cette institution basée rue Cambon exprime ses préoccupations face à une utilisation occasionnellement incorrecte de ces services, à en juger par un rapport récent.
La Cour reproche spécifiquement à l’Etat de confier certains travaux relevant exclusivement des compétences de l’administration à des consultants privés, allant même jusqu’à les impliquer dans le processus décisionnel. Ces méthodes ont été décriées dès mars 2022 par Eliane Assassi, sénatrice communiste, et son confrère des Républicains, Arnaud Bazin.
« Option de commodité »
Leur analyse, rendue publique quelques semaines avant l’élection présidentielle, avait embarrassé l’équipe d’Emmanuel Macron, critiqué pour ses liens présumés avec des acteurs majeurs du conseil comme le cabinet McKinsey, originaire des États-Unis. Cela a incité les citoyens français, consultés durant le printemps 2022 par la Cour des comptes, à appeler l’institution à enquêter sur les méthodes de l’administration en termes d’engagement de conseillers.
Dans le rapport dévoilé lundi, la Cour des comptes considère que le recours à des consultants privés tend à être considéré comme une « option de commodité » pour une administration disposant de capacités et de temps limités. Les juges des finances soulignent qu’ils n’ont pas une « opposition de principe » à l’ « externalisation de certaines activités » de l’administration. Toutefois, ils estiment que cette délégation doit retrouver « une place plus équilibrée et mieux régulée parmi les outils à la disposition des administrations pour mener à bien leurs missions ».
En 2021, les services demandés par l’Etat aux consultants ont généré un coût de 233,6 millions d’euros, soit 0,04% des dépenses de l’Etat. Si on inclut les services demandés dans le secteur informatique, la facture s’élève à 890 millions, un montant presque équivalent aux 893,9 millions indiqués dans le rapport du Sénat. Entre 2017 et 2021, les dépenses de l’Etat en matière de conseil ont triplé.