Selon les proches du président de la République, qui soulignent l’importance de garder Eric Dupond-Moretti au poste de Ministre de la Justice, ce réarrangement gouvernemental ne doit pas être interprété comme « l’extinction de la société civile ».
« Il ne faut pas y voir une dissolution de la société civile. » Tel est le message sans cesse répété par les proches du président suite aux premiers retours sur le récent remaniement ministériel. Or, lors des changements de pouvoir qui auront lieu ce vendredi 21 juillet au matin, avant le tout premier conseil des ministres du nouveau gouvernement, on constate un certain refrain.
Cet important vendredi est donc l’occasion de la première image de cette nouvelle équipe : quelques heures après avoir levé le voile sur des tensions de plus en plus palpables, et en anticipant une déclaration présidentielle, Emmanuel Macron rassemble vendredi matin son gouvernement, composé de huit nouveaux membres, pour un dernier Conseil des ministres à l’Élysée avant les vacances d’été. Sans bouleversements majeurs, mais avec une équipe ministérielle qui a tout de même subi onze modifications, Emmanuel Macron et Élisabeth Borne ont finalement déclenché jeudi le processus de remaniement, après avoir laissé leurs équipes dans l’incertitude pendant plusieurs semaines.
Parmi les partants, on compte Pap Ndiaye, Isabelle Rome ou François Braun, tous issus de la société civile, qui sont remplacés par des députés et spécialistes politiques. Parmi les huit nouvelles recrues du gouvernement, six sont actuellement élus à l’Assemblée nationale, un est maire de Dunkerque et l’autre était l’ancien chef de cabinet d’Élisabeth Borne. Cependant, pour les proches d’Emmanuel Macron, le cas d’Eric Dupond – Moretti, toujours ministre de la Justice, est plus représentatif.
Évaluation de chaque ministre
Olivier Véran, porte-parole du gouvernement, s’est félicité d’un « gouvernement renforcé » : « Le nouveau gouvernement comprend des élus expérimentés, ainsi que des élus de terrain. Je pense notamment au maire d’une ville industrielle du nord ou à une députée de la 2e ville de France, je pense à Fadila Khattabi qui était la présidente de la commission des Affaires sociales » a-t-il déclaré sur France 2 à propos de Patrice Vergriete, nommé au Logement, et de Sabrina Agresti-Roubache, à la Ville. Il a conclu en affirmant : « Il y a donc un retour du politique renforcé au sein du gouvernement ».
Selon les proches du président, le couple exécutif a départagé les ministres après avoir fait une évaluation de chacun. Deux facteurs ont été particulièrement décisifs, selon leur entourage : « l’efficacité » – qui se résume à la capacité de mener à bien les réformes – et « l’incarnation », c’est-à-dire la façon de véhiculer les mesures notamment dans les médias. Ces deux notions, selon la nouvelle équipe de ministres, devront être intégrées rapidement.
Éducation, santé, ville… Les défis ne manquent pas
Les problématiques sont nombreuses. C’est notamment le cas pour Gabriel Attal, qui cède les Comptes publics pour devenir ministre de l’Éducation nationale à l’approche de la nouvelle année scolaire. Rappelons que plus de 3 000 postes d’enseignant n’ont pas été pourvus lors des concours. Le plus jeune ministre de l’Éducation de la Ve République devra notamment gérer la difficulté à recruter et le manque d’attractivité de la profession, tout en essayant de concrétiser une promesse présidentielle : octroyer des primes aux enseignants en échange de missions supplémentaires, sans oublier les aménagements nécessaires pour le nouveau format du baccalauréat.
Aurélien Rousseau, désigné ministre de la Santé, aura également fort à faire. La crise dans les hôpitaux et la lutte contre les déserts médicaux seront ses principaux enjeux. Par ailleurs, l’exécutif attend beaucoup de Sabrina Agresti-Roubache, nommée secrétaire d’Etat à la Ville. La députée Renaissance des Bouches-du-Rhône est en charge du « plan Marseille en grand », si cher à Emmanuel Macron, mais aussi de la question des quartiers, quelques semaines après les récents troubles.
En finalité, le gouvernement prévoit de mettre l’accent sur l’Environnement à la rentrée. Du travail en perspective donc pour Christophe Béchu, qui reste en poste à la Transition écologique pour assurer la « continuité », comme le précise le gouvernement. Il sera épaulé par Sarah El Haïry, ancienne secrétaire d’Etat responsable du Service national universel, qui vient d’hériter du dossier de la Biodiversité.