Le policier qui a déclenché des émeutes à travers la France la semaine dernière après avoir tué un adolescent a nié avoir menacé de lui tirer une balle dans la tête avant d’ouvrir le feu.
Selon un compte rendu d’audience rendu public vendredi, l’officier de 38 ans – du nom de Florian M. – a déclaré au service interne d’enquête de la police de l’IGPN qu’il n’avait pas prononcé les mots « tu vas te prendre une balle dans la tête », car avait déjà été allégué sur les réseaux sociaux.
La menace apparente était un élément clé de la vidéo d’un spectateur de la fusillade qui contredisait un récit initial de la police et déclencha des nuits successives d’émeutes au cours desquelles des voitures et des bâtiments publics furent incendiés, des entreprises pillées et des jeunes affrontèrent la police.
Les enquêteurs pensent qu’ils ont été prononcés par un deuxième officier sur les lieux, avec des vérifications numériques sur la vidéo en cours.
L’agent de la circulation à moto a déclaré qu’il avait appuyé sur la gâchette parce qu’il craignait que le conducteur de la voiture – Nahel, 17 ans – ne démarre et entraîne son collègue avec lui.
Le policier – qui a été inculpé d’homicide volontaire – a vu sa détention prolongée tôt jeudi par une cour d’appel de Versailles en région parisienne.
Heureusement pour vous que tout le monde peut être défendu, sinon qui vous défendrait ?
Une façon bien préoccupante de concevoir la justice si tant est qu’elle peut être indépendante dans votre monde.
Un avocat ne défend pas des causes, il se bat pour la liberté et la sûreté https://t.co/8M1uITXMKn
— Rémy DANDAN (@Remydandan) 6 juillet 2023
Les retombées de la fusillade de Nahel le 27 juin ont continué d’être en tête des bulletins d’information, la collecte pour le policier organisée par la personnalité d’extrême droite Jean Messiha atteignant 1,6 million d’euros avant qu’il ne la clôture mercredi.
Selon l’avocat Yassine Bouzrou, qui représente la mère de Nahel, la famille a déposé une plainte pénale pour « escroquerie en groupe, abus de données personnelles et association de malfaiteurs dans ces crimes contre Jean Messiha et toute personne… ayant participé à ces délits ».
‘Balle dans la tête’
Le président français Emmanuel Macron a promis que son gouvernement formulerait une réponse aux émeutes dans les banlieues défavorisées et multiethniques du pays une fois que les événements auraient été correctement analysés.
« Nous continuerons à travailler » sur des réponses, a-t-il déclaré lors d’une visite à Pau, dans le sud-ouest, ajoutant que « la première réponse est l’ordre, le calme et l’harmonie ».
Le ministère français de l’Intérieur a signalé que seulement 20 personnes avaient été arrêtées dans la nuit de mercredi à jeudi, renforçant les perceptions selon lesquelles la vie revient plus à la normale.
L’IGPN et son équivalent pour la gendarmerie enquêtent sur 10 incidents présumés d’inconduite de la police lors des violences qui ont vu 45 000 agents déployés chaque nuit pour rétablir l’ordre.
📹 Nous avons subi une immigration totalement anarchique, qui entraîne une forme de sécession avec la société française.
Il faut supprimer le droit du sol et être beaucoup plus exigeant dans la manière dont nous accordons la nationalité française. #Les4V pic.twitter.com/Yb37mGFQej
— Marine Le Pen (@MLP_officiel) 6 juillet 2023
« Confrontation » politique sur l’origine des émeutes
La violence a propulsé les questions d’inégalité de la justice et de la police, de l’immigration et de l’intégration au sommet de l’ordre du jour en France après des mois de bataille sur la réforme des retraites détestée de Macron.
Avec la perte d’industries manufacturières qui employaient autrefois des populations suburbaines, « la dynamique socio-économique de la France a créé une « clientèle » pour la police, majoritairement issue d’anciennes populations coloniales, enfermée avec elles dans une confrontation meurtrière sans issue », a déclaré le chercheur policier. Fabien Jobard a déclaré au quotidien Le Monde.
Mais après des jours largement sous le radar, Marine Le Pen, leader du Rassemblement national d’extrême droite et double challenger de Macron pour la présidence, a déclaré à France 2 que « la pauvreté n’est pas à l’origine de ces émeutes ».
Au lieu de cela, le « problème de l’immigration » avait « créé dans l’esprit de beaucoup une sorte de sécession de la société française », a-t-elle ajouté.
Pendant ce temps, le parti d’extrême gauche France Unbowed s’est joint aux appels à des « marches citoyennes » samedi contre les tactiques policières et les politiques sociales « discriminatoires ».
🔴 Notre pays est en deuil et en colère.
Avec une centaine d’associations, nous demandons une réponse politique.
Nous appelons à des rassemblements à partir de ce soir et à des marches citoyennes le samedi 8 juillet comme la marche organisée par le collectif Vérité et Justice… pic.twitter.com/su3xJtwsTs
— La France insoumise (@FranceInsoumise) 5 juillet 2023
Le parti a été chahuté pendant des jours par les centristes, les conservateurs et l’extrême droite de Macron pour ne pas avoir condamné les émeutes dès qu’elles ont commencé.
Le dirigeant d’extrême gauche Jean-Luc Mélenchon a rétorqué : « Aucun d’entre nous n’a appelé à l’insurrection ou à allumer des incendies… personne n’est content quand des voitures brûlent ».
Cependant, Melenchon a ajouté que lui et la gauche ne devraient « jamais nous éloigner des communautés que nous représentons, même lorsqu’il y a des contradictions ».