Un agent de police sous couverture se laisse séduire par une militante écologiste sur Disney+, tandis qu’un groupe de jeunes américains expose en détail la manière de faire exploser un oléoduc dans « Sabotage ». Les ZAD et les mouvements activistes pour l’environnement sont au coeur de deux nouvelles productions cinématographiques, l’une française, l’autre américaine, qui sont prévues pour une sortie dans les jours à venir.
Au printemps dernier, François Civil et Lyna Khoudri interprétaient les rôles de D’Artagnan et de Madame Bonacieux dans Les Trois Mousquetaires, leur aventure se concluant par un baiser pur et innocent. Leur réunion dans Une Zone à Défendre, un drame émotionnel sur fond de combat pour l’écologie, qui sera disponible sur Disney+ à partir de vendredi, prendra une tournure plus intense.
Le personnage de François Civil, Greg, est un agent secret talentueux travaillant pour les renseignements généraux, dont la mission est d’infiltrer un groupe d’individus vivant en autarcie en opposition à la construction d’un barrage. Dès son arrivée, Greg est irrésistiblement attiré par l’une des activistes les plus déterminées de la communauté, Myriam, interprétée par Lyna Khoudri, elle-même reconnaissable par ses dreadlocks. Suite à leur rencontre, elle donne naissance à un enfant dont Greg, parti pour d’autres opérations, ne découvre l’existence que plusieurs mois plus tard.
Greg est-il prêt à compromettre sa mission pour Myriam ? Celle-ci sera-t-elle forcée de choisir entre son combat et son amour ? « Quelle est la représentation d’un amour impossible aujourd’hui ? », s’interroge Romain Cogitore, le réalisateur du film. Il ajoute que son inspiration est en partie due à un grand scandale impliquant l’infiltration de groupes de gauche et d’écologistes par des policiers britanniques, dont certains ont eu des enfants avec leurs cibles.
« Pas assez glamour »
Les sujets des « zones à défendre » et des communes autonomes ont rarement été traités dans les fictions grand public, sauf à titre humoristique, à l’instar de la comédie Problemos, réalisée par Eric Judor en 2017. Aux États-Unis, Kelly Reichardt avait tenté de le faire il y a dix ans avec Night Moves, un film où Jesse Eisenberg organise une opération secrète contre un barrage.
« Je voulais rester fidèle à la réalité, sans inventer de toutes pièces », confie Romain Cogitore, qui, pour y parvenir, a vécu au sein de l’une des plus grandes zones à défendre en France, partageant et expliquant ses intentions aux militants. « Je ne suis pas le seul à vouloir raconter l’histoire de ces zones et de ces militants, mais c’est difficile dans l’industrie du cinéma, où l’on nous dit que ce n’est pas assez glamour », explique-t-il.
C’est de façon assez ironique que Disney+, le service de streaming d’un géant du divertissement et symbole du capitalisme, a permis la réalisation du film. « Ils ont saisi l’opportunité de ce projet car il leur plaisait. La raison précise m’échappe encore, mais cela reste une surprise très agréable pour moi », déclare le réalisateur, qui espère toucher un large public.
Menace pour l’existence
Le réalisateur américain de Sabotage, qui sortira dans une centaine de salles de cinéma le 26 juillet, espère aussi avoir un impact. Le film est présenté comme inspiré de l’oeuvre écologiste Comment saboter un pipeline?, écrite par le suédois Andreas Malm, qui a été invoqué lors de la dissolution du mouvement Les Soulèvements de la terre par le gouvernement en juin, ce livre ayant supposément inspiré ce mouvement.
Dans Sabotage, des jeunes américains, excédés par l’inefficacité des manifestations pacifiques, préparen des bombes pour faire exploser un pipeline au Texas. Le film décrit minutieusement toute leur préparation. Est-ce que ce film appelle à la violence, comme on a accusé le mouvement Les Soulèvements de la terre soutenu par la gauche et diverses associations écologistes et de défense des droits de l’homme?
« Si quelqu’un fait exploser un pipeline, ce ne sera pas parce qu’il a vu ce film, mais plutôt parce qu’il ressent le besoin de protéger notre espèce face à la plus grande menace qu’elle ait jamais connue : le changement climatique », affirme le réalisateur Daniel Goldhaber.