Suite à plus de trois mois d’arrêt de travail, aucune entente n’est parvenue à être établie entre le puissant syndicat des scénaristes (WGA), les dirigeants de studios cinématographiques et les services de diffusion en continu.
Le mouvement de grève des scénaristes hollywoodiens, bloquant actuellement la production de films et de séries aux États-Unis, a franchi mercredi 9 août 2023, le cap symbolique des 100 jours. Les auteurs des œuvres cinematographiques imputent la responsabilité de cette interminable grève aux compagnies de production cinématographique.
Négociation en suspens après 100 jours de grève.
Depuis plus de trois mois, la grève se poursuit sans rapprochement entre les studios et le puissant syndicat des scénaristes (WGA). Les négociations demeurent infructueuses, aucun compromis n’a été en effet trouvé pour une meilleure répartition des bénéfices liés au streaming avec les scénaristes, ni pour encadrer l’utilisation de l’intelligence artificielle (IA) dans l’industrie du cinéma.
Pendant cette longue période, les deux parties n’ont guère dialogué. En milieux de juillet, la situation s’est davantage tendue suite à l’entrée en grève des acteurs, partageant les mêmes revendications. Un arrêt pratiquement complet, jamais révélé depuis 1960, a frappé Hollywood.
« L’entêtement des studios à ne pas prendre au sérieux les revendications des scénaristes a prolongé la grève de la WGA pendant 100 jours, et ce n’est pas terminé », déclare le syndicat, qui considère cette durée comme un « cap honteux » pour les studios de cinéma.
L’entière responsabilité de cette paralysie de l’industrie revient aux studios, selon le syndicat. Il précise dans un communiqué que l’intransigeance des studios est beaucoup plus coûteuse que les exigences des grévistes.
La précédente grève des scénaristes, en 2007-2008, avait duré 100 jours et avait coûté à l’économie californienne 2,1 milliards de dollars, selon une estimation de l’Institut Milken. Or, cette fois-ci, aucune issue ne semble encore en vue.
Après trois mois d’absence de communication, les négociations entre scénaristes et studios ont repris le vendredi 4 août 2023, mais elles n’ont abouti à aucun accord. Avant cette rencontre, le WGA doutait de l’engagement des studios à trouver un compromis équitable dans un message adressé à ses membres. La réaction des dirigeants a été de déplorer cette rhétorique « regrettable ».
Une grève qui s’annonce longue
« Cette grève affecte des milliers de personnes de cette industrie et nous prenons cette situation très sérieusement. Notre unique but est de remettre les gens au travail », déclarent les studios, rassemblés dans l’Alliance of Motion Picture and Television Producers (AMPTP).
Pour Charlie Kesslering, participant dans la grève le mercredi 9 août devant les bureaux de Netflix à Los Angeles, le combat des scénaristes revêt un caractère « d’existence » et « plus de 100 jours seront nécessaires pour que la détermination s’efface ».
« Notre objectif est de préserver nos carrières que nous aimons et en faire un moyen durable de subsistance », ajoute ce scénariste. Une détermination également proclamée haut et fort par la WGA. Les studios n’ont d’autre alternative que de conclure un accord équitable, insiste le syndicat. « En attendant, nous demeurons fermes et solidaires. »
Scénaristes et acteurs maintiennent leur position du fait des bouleversements causés par le streaming. Ces dix dernières années, ce nouveau modèle a déstabilisé leurs rémunérations »résiduelles », provenant de chaque nouvelle diffusion d’un film ou d’une série et qui constituent leur principale rémunération entre deux projets.
Attractives avec la télévision car calculées en fonction des recettes publicitaires, ces indemnités sont bien moins avantageuses avec les plateformes de streaming. Ces dernières ne divulguent pas leurs chiffres d’audience et versent une somme forfaitaire, quel que soit le succès.
Un autre élément vient accentuer les tensions: l’usage encore limité de l’intelligence artificielle, en mesure de rédiger des scénarios ou de reproduire les voix et les images des acteurs.
Premiers signes d’apaisement de la part du directeur de Disney
Malgré la stagnation du conflit, le comportement semble évoluer vers une attitude un peu moins agressive du côté des dirigeants. Ayant qualifié les revendications des grévistes « d’irréalistes » en mi-juillet, Bob Iger, le directeur de Disney, s’est montré plus conciliant mercredi. Lors de la publication des résultats du groupe, qui tombait le même jour du 100e jour de grève, il s’est annoncé « personnellement engagé » à résoudre cette crise, exprimant « son immense admiration » pour les talents de son entreprise et de l’industrie.