Selon une investigation rendue publique par Mediapart, cinq femmes accusent le réalisateur de comportements déplacés et de pressions pour obtenir des faveurs sexuelles en retour de rôles dans ses productions cinématographiques.
« Si tu ne vas pas plus loin avec moi, je ne pourrai pas tourner ce film. » Ces propos sont attribués à Philippe Garrel, une déclaration qui ressemble à du harcèlement sexuel selon le témoignage que l’actrice Marie Vialle a livré à Mediapart. Après lui avoir suggéré la rédaction d’« un film spécialement pour elle », le réalisateur aurait essayé de l’embrasser, mais elle l’a repoussé. Quatre autres actrices ont aussi partagé des récits relatant des comportements déplacés du cinéaste lors d’une enquête menée par le média d’investigation, rendue publique mercredi 30 août.
Une ex-comédienne rapporte aussi une tentative d’« approche directe » de la part de Philippe Garrel, lors d’une entrevue en janvier 2014 pour la possible réalisation d’un film. Le metteur en scène aurait, lui aussi, essayé de l’embrasser. « Il y avait constamment cette perspective du rôle si j’acceptais de me donner à lui. Je disais non mais parfois, je faisais des manières », confie cette ex-comédienne. Après une invitation à diner, l’actrice Laurence Cordier révèle également des avances de la part de Philippe Garrel. « C’était affreux, je me sentais rabaissée. J’étais moralement touchée d’avoir pu penser un instant que c’était pour mes compétences qu’il désirait me rencontrer », relate-t-elle.
« Cela a déclenché en moi un questionnement interne »
Le réalisateur a réfuté une à une les différentes accusations. « Si Laurence Cordier s’est sentie rabaissée, j’en suis navré. Cependant, j’insiste sur le fait que je n’ai jamais nourri de faux espoirs professionnels chez une actrice dans le but de la séduire », déclare-t-il à Mediapart. A propos de Marie Vialle, le cinéaste admet avoir « été sous son charme ». Il lui aurait expliqué « que, à l’instar de nombreux réalisateurs de la nouvelle vague, j’aimais filmer celle qui me faisait vibrer. J’ai peut-être tenté de l’embrasser, je ne me souviens pas précisément. »
Malgré tout, Philippe Garrel semble montrer une certaine prise de conscience. « Au vu de tous ces témoignages, je réalise l’écart entre ce que j’envisageais alors et la réalité de ce que j’ai pu leur imposer. J’avais déjà perçu la culture qui m’a influencé, et cela a déclenché en moi un questionnement interne », confie-t-il à Mediapart.