Les producteurs de Bordeaux, la plus grande région viticole de France, préviennent qu’ils font face à de lourdes pertes cette année en raison du mildiou. Jusqu’à 90 % des vignobles locaux sont touchés par le champignon, que les viticulteurs imputent aux conditions plus humides et plus chaudes créées par le changement climatique.
Les dégâts sont sans précédent, explique Stéphane Gabard, président de l’association des producteurs de vins AOC de Bordeaux (appellation d’origine contrôlée).
« La chambre d’agriculture estime que 90% des parcelles sont touchées », a-t-il déclaré mercredi à la radio d’information 42mag.fr. « Les dégâts vont de quelques pour cent de vignes à 100 pour cent, où la production est complètement anéantie. »
A quelques semaines de la récolte principale, Gabard a prévenu : « La production bordelaise va encore une fois baisser ».
Les viticulteurs ont mis en garde contre une « épidémie » de mildiou depuis fin juin, lorsqu’une combinaison de températures élevées et de fortes pluies a entraîné une prolifération du champignon.
« Les feuilles de vigne sont restées humides pendant une grande partie de la journée. Ce sont des conditions idéales pour que le mildiou se développe », a déclaré Gabard.
Connu sous le nom de mildiou, le champignon laisse des taches jaunes sur les feuilles de vigne et provoque le flétrissement des jeunes raisins.
Météo « subtropicale »
Le problème a également frappé plusieurs autres régions viticoles du sud de la France, notamment la Dordogne, le Gers, le Lot-et-Garonne et les Pyrénées-Atlantiques, mais la Gironde de Bordeaux semble être la plus touchée.
Les députés locaux ont appelé au gouvernement national de déclarer une « catastrophe agricole », une mesure qui permet aux producteurs de réclamer une compensation à l’État pour les pertes liées au climat.
Plutôt que son climat océanique habituel, dit Gabard, le temps en Gironde a été pratiquement « subtropical ».
« Depuis deux mois, on se croirait en Martinique par ici », confiait mi-juillet à L’Express un autre vigneron local, Mikaël Cousinet.
Récolte incertaine
Les vendanges en France devraient commencer fin août pour culminer en septembre.
Dans ses premières prévisions officielles, publiées mardi, le ministère de l’Agriculture a prédit que la production globale de vin de cette année serait conforme à la moyenne, en partie grâce à des saisons prometteuses dans les régions de Champagne et de Bourgogne plus au nord.
Mais l’ampleur des dégâts causés par le mildiou à Bordeaux et dans le sud-ouest n’est pas encore claire, a averti le ministère. Entre-temps, il a déclaré que la région du centre-sud du Languedoc-Roussillon était frappée par une sécheresse persistante.
Selon les prévisions prévisionnelles, la France est en passe de produire entre 44 et 47 millions d’hectolitres de vin en 2023, contre 45,4 millions en 2022.