Dans une enquête, Ariane Lavrilleux a fait connaître le fait qu’une opération de renseignement française, réalisée au bénéfice de l’Egypte dans le cadre de la lutte contre le terrorisme, avait été utilisée à des fins détournées par le gouvernement égyptien dans le but de mener des attaques aériennes.
La journaliste Ariane Lavrilleux, co-autrice d’un article qui a révélé fin 2021 un possible détournement égyptien d’une opération de renseignement française dans le pays, a été soumise à une perquisition et placée en garde à vue mardi 19 septembre. Le média Disclose, qui avait publié l’article à l’époque, a dénoncé cette situation comme étant une nouvelle atteinte inadmissible au secret des sources. Selon Disclose, la journaliste est poursuivie pour des faits de compromission du secret de la défense nationale et de révélation d’information pouvant conduire à identifier un agent protégé. La perquisition a pris fin à 16h30 et la garde à vue d’Ariane Lavrilleux se poursuivait dans la nuit de mardi à mercredi à l’hôtel de police de Marseille, selon un nouveau message de Disclose. Le parquet de Paris n’a pas encore confirmé l’information. Le porte-parole du gouvernement, Olivier Véran, a refusé de répondre à une question concernant cette affaire en indiquant que la nature de la question n’était pas adaptée au contexte du compte-rendu du Conseil des ministres.
L’avocate de la journaliste, Virginie Marquet, ainsi que Disclose, ont réagi avec indignation à cette perquisition, qualifiant celle-ci d’atteinte au secret des sources de journalistes et de mesure coercitive. Ils estiment que le secret des sources de journalistes a été gravement bafoué depuis le début de la perquisition. De nombreux médias et journalistes, notamment plusieurs Sociétés de journalistes (SDJ) et Reporters sans frontières (RSF), ont également manifesté leur indignation et ont parlé d’entrave inacceptable à la liberté d’informer et de déni de démocratie. L’émission « Complément d’enquête » a également exprimé son soutien à la journaliste et a mis à disposition du public l’enquête qui révélait comment la France aurait fourni à l’Égypte des informations utilisées pour commettre des crimes. Ils estiment que cette situation constitue une atteinte au secret des sources et à la liberté d’informer.
Dans son article publié en novembre 2021, Disclose affirmait que la mission de renseignement française « Sirli », débutée en février 2016 au profit de l’Égypte dans le cadre de la lutte antiterroriste, avait été détournée par l’État égyptien. Ce dernier utilisait les informations collectées pour effectuer des frappes aériennes sur des véhicules de contrebandiers présumés à la frontière égypto-libyenne. Selon les documents obtenus par Disclose, les forces françaises auraient été impliquées dans au moins 19 bombardements contre des civils entre 2016 et 2018 dans cette zone.