L’institution insulaire de Corse a présenté au gouvernement deux propositions d’amendement de sa condition de collectivité, avec Gérald Darmanin qui a orchestré des pourparlers préliminaires en septembre. Cependant, les déclarations du président de la République sont vivement sollicitées.
Les autonomistes et indépendantistes attendent impatiemment Emmanuel Macron
Emmanuel Macron s’apprête à se rendre en Corse, du mercredi 27 septembre au vendredi 29 septembre. Son discours sur le projet d’autonomie proposé par les nationalistes sera écouté avec une grande attention.
Conformément à des informations obtenues par France 3 Corse ViaStella, on s’attend à ce qu’il se rende notamment à l’Assemblée de Corse pour faire face aux élus locaux et y prononcer un discours ce jeudi.
Si, bien sûr, la visite du président est en partie justifiée par l’occasion des 80 ans de la libération de la Corse de l’occupation allemande, le statut de l’île de Beauté reste au cœur des discussions durant ces trois jours de visite.
Depuis le décès en prison d’Yvan Colonna en juillet 2022, qui avait délégué un mouvement de protestation, l’Etat a entamé des discussions sur le cadre institutionnel de la Corse. Nous allons donc revenir sur les événements importants qui ont eu lieu ces derniers mois.
Février : Emmanuel Macron envisage une réforme constitutionnelle
En début d’année, Emmanuel Macron relance des pourparlers qui ont commencé en juillet 2022. Il rassure les élus corses en déclarant qu’il n’avait aucun « a priori » et aucune « solution préconçue » en ce qui concerne l’avenir institutionnel de la Corse.
Conformément aux informations de l’Elysée, il semble prêt à intégrer d’éventuels changements dans son projet de réforme constitutionnelle, qui devait prendre forme « après l’été ». Et il a également demandé aux élus corses et au ministère de l’Intérieur de proposer une solution avant le 14 juillet.
Bien qu’il se dit ouvert à toutes suggestions des élus locaux, de l’autonomie à la différentiation, Emmanuel Macron a tout de même réaffirmé ses deux « indispensables » : que la Corse reste « dans la République » et que l’on refuse de créer « deux catégories de citoyens ». Ces propos ont été depuis réitérés par le ministre de l’Intérieur, Gérald Darmanin.
Juillet : les élus corses proposent deux idées pour l’autonomie
Gérald Darmanin avait demandé aux élus corses de fournir des « propositions aussi uniques que possible ». Toutefois, le 5 juillet, après deux jours de débats, l’Assemblée de Corse n’arrive pas à se mettre d’accord sur un seul plan pour faire évoluer le statut de l’île.
Les élus insulaires transmettent alors deux projets au gouvernement et à Emmanuel Macron. Le premier texte, soutenu par le groupe autonomiste majoritaire, demande la « reconnaissance juridique du peuple corse », un « statut de coofficialité de la langue corse » et la reconnaissance du « lien entre le peuple corse et sa terre » par l’intermédiaire d’un « statut de résident ».
En revanche, le second texte, proposé par l’opposition de droite, demande simplement un « pouvoir d’adaptation » des lois françaises au contexte particulier corse, sans gestion autonome de l’éducation et de la santé, ni transfert de la fiscalité.
Septembre : Gérald Darmanin effectue une visite de reconnaissance de la situation sur l’île
Les 13 et 14 septembre, le ministre de l’Intérieur Gérald Darmanin se rend en Corse pour préparer la venue du président de la République. Il s’entretient avec le président autonomiste de l’exécutif de Corse, Gilles Simeoni, avant de participer à une assemblée générale des maires de l’île à Ajaccio.
Emmanuel Macron « aura l’occasion de s’exprimer devant vous, devant les Corses, sur les résultats, peut-être temporaires, d’une année de discussions institutionnelles », a déclaré Darmanin aux maires.
« Si nous envisageons une modification institutionnelle, c’est que nous croyons collectivement qu’il serait impossible d’améliorer la vie des Corses sans cela », a-t-il insisté. Il a aussi précisé qu’une telle évolution pourrait aller « jusqu’à la création de normes » – c’est-à-dire accorder un pouvoir législatif plus important à l’Assemblée de Corse, « ce que certains appelleraient autonomie ».
Darmanin n’a pas fourni de détails sur ce qui a été discuté lors de sa rencontre avec Gilles Simeoni. Pourtant, à la suite de cette réunion, Simeoni semble convaincu que « le principe d’un statut d’autonomie » est accepté par le ministre de l’Intérieur.
« Nous devons maintenant (…) attendre et écouter ce que le président de la République va dire », ajoute-t-il, et « donner un sens concret à cette idée d’autonomie ». Cette question essentielle est quelque chose qu’Emmanuel Macron ne pourra pas contourner.