Le concours a débuté à Deauville. Quatorze films se disputent le prestigieux prix principal, qui a été remis l’année précédente à « Aftersun » de Charlotte Wells. Cette 49e édition se déroule jusqu’au 10 septembre, avec la projection de 80 films. Ce sont deux femmes réalisatrices qui ont inauguré la compétition de la 49ème édition du festival américain de Deauville.
Le contexte de ces deux films ne pourrait pas être plus distinct. D’une part, une histoire de tendresses inavouées, « Past Lives, nos vies d’avant », une réalisation de Céline Song et mettant en scène Greta Lee, Yoo Teo et John Magaro. D’autre part, un suspense de science-fiction dans l’immensité sidérale, « I.S.S. », une mise en scène de Gabriela Cowperthwaite, interprétée par Ariana DeBose, Chris Messina et Pilou Asbæk. Le quotidien des membres d’équipage de la Station spatiale internationale se trouve bouleversé lorsqu’un affrontement global en terre ferme intervient.
Retenue des émotions
S’étant illustrée la première, la réalisatrice coréenne, Céline Song, a su gagner l’adhésion du public de Deauville grâce à son récit d’une tendresse interdite entre deux adolescents du Sud de la Corée, Nora et Hae Sung. Lorsque la famille de Nora déplace ses attaches pour le Canada, Hae Sung en est profondément affecté. Douze ans plus tard, ils se retrouvent via les réseaux sociaux et réalisent à quel point leur absence mutuelle les a marqués. Réserve, pudeur ou timidité ? Jamais Hae Sun, passionnément épris de Nora, n’a pu faire part de ses sentiments. Nora, devenue une romancière accomplie à New York, conclut un mariage avec un américain, tandis que Hae Sung, paralysé par sa timidité, échoue dans sa relation avec une nouvelle petite amie. Dans une ultime tentative de gagner le cœur de sa bien-aimée, Hae Sung finit par la rejoindre à New York. Mais Nora, femme mariée, aura-t-elle le courage de renoncer à sa carrière couronnée de succès ? Hae Sung aura-t-il le courage de dévoiler ce désir fou qu’il garde pour Nora depuis l’enfance ?
Le film a pris aux tripes les festivaliers car il offre une identification possible à ses personnages pudiques à l’extrême, prêts à renoncer au bonheur par peur d’infliger une peine à l’autre. Des existences brisées. Des amours sacrifiées. Impossible de pas être émouvant face à ces deux êtres remplis de désir inassouvi, des mains qui se frôlent, des regards qui parlent d’eux-mêmes, le tout dans un New York magnifié par une caméra 35 mm. C’est le premier long métrage de cette jeune réalisatrice de 35 ans qui devrait sortir en salles en France le 13 décembre prochain.
I.S.S., une épopée intersidérale
Le second film sélectionné officiellement, présenté plus tard dans l’après-midi, n’était pas question d’amour mais plutôt de haine. Le film « I.S.S. », qui se déroule principalement à bord de la station spatiale internationale, nous transporte dans l’espace. Six astronautes, trois Américains et trois Russes, sont confinés dans une capsule pour y mener des expériences scientifiques. Au commencement, l’ambiance est joviale ; ils rient, trinquent et défient la gravité. Mais cette harmonie sera de courte durée lorsqu’ils reçoivent des informations alarmantes de la Terre. Trhaisons, coups bas, mensonges, l’équipage sera bientôt à couteaux tirés pour le contrôle de la station spatiale. Nul doute que tourner en apesanteur n’a pas été une mince affaire pour les acteurs. Malgré son budget limité, la réalisateur Gabriela Cowperthwaite parvient à son objectif : garder le spectateur sur le fil du rasoir durant 1h30. Le film est comme une métaphore de ces rats de laboratoire qui s’entretuent lorsqu’ils sont extraits de leur environnement naturel. Une image qui ne laissera sûrement pas le public indifférent.