À présent, il y a deux femmes travaillant dans le domaine juridique en France qui se sont lancées dans une investigation concernant la mystérieuse disparition de Tiphaine Véron au Japon en 2018.
« Enfin, nous allons pouvoir démarrer l’enquête, c’est vraiment une grande nouvelle pour nous », a réagi Damien Véron sur 42mag.fr le vendredi 8 septembre. Le frère de Tiphaine Véron et sa famille ont été reçus par deux magistrates du pôle « cold case » de Nanterre, qui sont désormais en charge de l’affaire.
Tiphaine Véron a disparu en 2018 au Japon, alors qu’elle était en voyage seul dans la ville de Nikko. Sa disparition reste un mystère.
« On s’est dit que nous avions été abandonnés par la justice française. Et ce pôle ‘cold case’, heureusement, nous a sauvés », ajoute Damien Véron, qui a retrouvé un peu d’espoir. « Depuis cinq ans, on se bat parce qu’on est persuadés qu’on peut retrouver Tiphaine, car on ne peut pas l’abandonner », confie-t-il.
Comment s’est passée cette rencontre avec les deux juges d’instruction du pôle « cold case » ?
Damien Véron : Le fait d’être reçus au pôle « cold case » de Nanterre par la juge Sabine Khéris, en charge de notre dossier, ainsi qu’Emmanuelle Ducos, a été une grande nouvelle pour nous. C’est quelque chose de peu habituel, car nous nous battons depuis cinq ans pour être entendus par la justice française. Enfin, nous avons été reçus, entendus. Et surtout, des choses vont enfin se passer. Nous voyons que les juges vont se saisir du dossier de Tiphaine. Il va y avoir de véritables investigations. Donc, pour nous, c’est merveilleux. Enfin, l’enquête va démarrer. Nous sommes assez enthousiastes. Enfin, des juges qui nous écoutent, c’est formidable.
Qu’est-ce que cette rencontre va changer pour vous et pour l’enquête ?
Depuis cinq ans, nous nous battons sans relâche et le plus douloureux a été de ne pas avoir la justice française à nos côtés. Jusqu’à présent, nous n’avions été reçus qu’une seule fois par la juge d’instruction à Poitiers, et il n’y avait pas eu de véritables investigations. Nous avions l’impression d’avoir été abandonnés par la justice française. Heureusement, ce pôle « cold case » nous a sauvés. Pour la première fois, nous voyons que des juges vont effectuer de véritables investigations. Mais après cinq ans, ce combat a été très dur. Il y a beaucoup d’actes d’enquête qui n’ont pas été réalisés en France. Par exemple, nous avions récupéré tout de suite la valise de Tiphaine en août 2018, et pendant cinq ans, elle est restée dans l’un de nos placards chez notre mère sans que des analyses soient réalisées. Il peut y avoir des échantillons ADN, peut-être du sang sur sa valise, des éléments comme ça. Donc, il y a énormément d’actes d’enquête qui vont enfin pouvoir avoir lieu en France. C’est ça la grande nouvelle pour nous, et cela nous donne de l’espoir que le dossier en France avance enfin.
Est-ce important pour vous de récolter des éléments en France avant de retourner au Japon ?
Lorsque maître Corinne Hermann, l’avocate de la famille de Tiphaine Véron, a repris le dossier, l’objectif était de renforcer le dossier en France. C’est pourquoi il est si important que le pôle « cold case » ait repris notre affaire. Concernant la valise de Tiphaine, nous nous posons des questions depuis longtemps. Une demande d’actes va être faite pour que des analyses soient effectuées sur la valise. Le problème maintenant, c’est qu’au Japon, il n’y a pas d’enquête criminelle ouverte. Au Japon, une enquête criminelle n’est ouverte que lorsque le suspect est arrêté. Donc, cela peut paraître paradoxal, mais leur fonctionnement est très différent du nôtre. Il n’y a pas de juges d’instruction. Donc, si la personne n’est pas arrêtée en flagrant délit, il n’y a pas d’enquête criminelle. Cela pose réellement problème, car cela constitue de véritables blocages.
Les juges vont-elles se rendre au Japon dans le cadre de leurs investigations ?
Lors de cette rencontre avec les deux juges d’instruction, il n’a pas été directement évoqué qu’elles pourraient se rendre au Japon. Nous avons remarqué que ce pôle était vraiment essentiel pour les familles. Et comme le dit maître Corinne Hermann, le dossier de Tiphaine n’est pas un « cold case », mais un dossier complexe. Nous avons vu deux juges d’instruction qui connaissent parfaitement le dossier de Tiphaine. Notre livre « Tiphaine, où es-tu ? » que nous avons écrit a été versé à la procédure. Il a également été lu par les deux juges d’instruction. Nous avons vraiment vu qu’elles connaissaient déjà très bien le dossier de Tiphaine, et c’était une nouveauté pour nous. Mon objectif, ensuite, est d’aller au Japon pour continuer à soutenir l’enquête sur place. En tout cas, essayer de trouver un maximum d’éléments au Japon, peut-être en pouvoir avancer avec nos détectives privés. C’est vraiment important. Le combat va continuer au Japon pour trouver un maximum d’éléments. J’espère pouvoir me rendre au Japon avant la fin du mois.
Ces deux heures passées avec les deux juges d’instruction du pôle « cold case » de Nanterre vous ont-elles redonné espoir ?
Depuis cinq ans, avec ma famille, avec ma mère, avec ma sœur Sibylle, mon frère Stanislas, nous nous battons car nous sommes persuadés que nous pouvons retrouver Tiphaine. Et surtout, nous savons qu’il y a de nombreuses pistes qui n’ont pas été explorées. Tant que toutes ces pistes n’ont pas été exploitées, nous sommes convaincus que nous pouvons retrouver Tiphaine. Bien sûr, nous espérons qu’elle est en vie quelque part. Nous allons continuer à fermer toutes ces pistes, il faut que chaque piste soit écartée, comme le dit maître Corinne Hermann. Nous espérons que cela nous mènera jusqu’à Tiphaine. En tout cas, nous ne pouvons pas l’abandonner, c’est ce que notre mère nous dit souvent. Peut-être que Tiphaine est en train d’attendre quelque part en ce moment, en se demandant pourquoi nous ne venons pas la chercher. C’est un combat quotidien, qui demande beaucoup d’énergie. Mais nous sommes convaincus que nous pouvons retrouver Tiphaine. Je pense qu’il est très probable que Tiphaine ait été agressée, probablement dans son hôtel. D’ailleurs, c’est le ressenti de toute ma famille, de ma sœur et de ma mère.