L’Amérique du Nord est actuellement marquée par une grève sans précédent qui affecte les trois premiers fabricants de voitures. Les travailleurs exigent des augmentations de rémunérations. Cette dispute pourrait s’étendre non seulement sur le territoire national, mais également à travers l’Europe.
Le vendredi 15 septembre, une grève a commencé aux États-Unis, concernant 13 000 employés de l’industrie automobile. Cela est dû à l’absence d’un accord entre les employés et les constructeurs automobiles Ford, General Motors et Stellantis. Ce conflit social a créé une inquiétude parmi les constructeurs français, qui craignent une éventuelle propagation de la grève. En particulier, ce mouvement social impacte Stellantis, une entreprise française (anciennement PSA) qui opère aux États-Unis depuis sa fusion avec Fiat Chrysler, deux ans auparavant.
L’une des usines américaines de Stellantis a interrompu sa production depuis la fin de la semaine dernière en raison de cette grève. Ce conflit est singulier car il affecte simultanément les trois géants de l’automobile aux États-Unis que sont General Motors, Ford, et Stellantis. En effet, ces usines, spécialisées dans la production de SUV et de pick-up, sont l’objet de revendications salariales de la part des ouvriers, qui demandent une augmentation de salaire de 40%. Ces revendications sont soutenues par l’UAW (Union des travailleurs de l’automobile), un puissant syndicat du secteur automobile. En dépit du fait que les syndicats ne soient pas toujours très présents aux États-Unis, ce n’est pas le cas dans l’industrie automobile.
Soutien du climat pré-élection
Les négociations ont commencé deux mois avant la grève, mais l’impasse entre les employés et les constructeurs a conduit le syndicat à engager un bras de fer. Près de 13 000 employés, soit environ 10 % des membres du syndicat, ont été touchés par la grève, et ce chiffre pourrait augmenter si les employeurs n’acceptent pas de revoir leurs propositions salariales. Stellantis a déjà fait un effort pour répondre aux demandes des travailleurs en proposant une augmentation de plus de 20 % de leurs salaires, soit 5 points de pourcentage de plus que la proposition précédente, mais le syndicat estime que cette offre est insuffisante.
Les travailleurs exploitent également la situation politique actuelle pour obtenir davantage de soutiens et augmenter leurs revendications. Les Républicains reprochent aux Démocrates, actuellement au pouvoir, d’avoir affaibli le pouvoir d’achat des ouvriers en ne parvenant pas à endiguer l’inflation. Le président Joe Biden, s’attendant à avoir besoin du soutien de la classe moyenne pour être réélu, encourage les constructeurs à mieux répartir les bénéfices.
Peur d’un effet domino en France
En France, la principale préoccupation des employés reste également la question salariale. Tous les syndicats s’accordent sur cette revendication. En France et en Europe, une mobilisation est d’ailleurs prévue à ce sujet le 13 octobre prochain.
Ce conflit révèle également une préoccupation commune aux travailleurs français et américains : la peur de la précarité. Avec la transition vers l’électromobilité, ils craignent la suppression de leurs emplois ou une moindre rémunération. A titre d’illustration, aux États-Unis, les employés de Tesla gagnent 30% de moins que ceux des constructeurs traditionnels.