La première édile socialiste de la capitale française, Anne Hidalgo, fait un constat favorable de l’expansion des voies dédiées aux vélos et de la progression de l’usage de ce moyen de transport à Paris, dans le contexte de la réduction du trafic des voitures et de la contamination atmosphérique. Ses déclarations sont globalement vraies, cependant sa manière de les exposer peut induire en erreur.
Le sujet de la cohabitation entre voitures et vélos dans la capitale française est au cœur des discussions. Anne Hidalgo, la maire socialiste de Paris, s’est exprimée le vendredi 29 septembre sur X (connu avant sous le nom de Twitter). Elle a exprimé sa satisfaction quant à la transformation de la ville de Paris. Selon elle, cette transformation se fait par l’introduction de davantage de pistes cyclables et l’adoption croissante du vélo par les Parisiens au détriment de la voiture. Elle fait ici une référence claire à Emmanuel Macron, le président de la République qui a fait part de son affection pour la voiture lors d’une interview sur TF1 et France 2, le dimanche 24 septembre.
La maire a également révélé que la circulation routière a diminué de 40% en dix ans, tout comme la pollution de l’air. Les déclarations d’Anne Hidalgo sur la diminution de la circulation routière semblent correctes, mais celles concernant la pollution sont plus ambiguës. On vous explique pourquoi.
Pour protéger notre planète et notre santé, Paris se transforme avec toujours plus de pistes cyclables et de Parisiens qui préfèrent le vélo à la « bagnole ».
Et quel succès : en 10 ans, le trafic routier a baissé de 40%, comme la pollution de l’air !https://t.co/S5O9fYgaq1
– Anne Hidalgo (@Anne_Hidalgo) 29 septembre 2023
Une diminution de 35% du trafic routier à Paris sur une décennie
D’après les informations obtenues par les plus de 700 capteurs de l’administration communale de la voirie, Anne Hidalgo a légèrement surestimé la réduction du trafic routier. Ces capteurs révèlent que la circulation automobile a réellement diminué de 35% en dix ans. Autrement dit, elle est passée de 935 véhicules par kilomètre par heure en 2011 à 600 en 2021.
Il est important de noter que la baisse du trafic routier a commencé avant l’élection d’Anne Hidalgo en 2014. Le recensement de 2002 comptait en moyenne 1 187 voitures par kilomètre par heure. Donc, en environ 20 ans, la circulation automobile a diminué de moitié.
Diminution des émissions de particules fines et de dioxyde d’azote
Concernant la pollution de l’air à Paris, il est difficile de comprendre à quoi Anne Hidalgo fait exactement référence. S’agit-il seulement de Paris ou de toute la région de l’Île-de-France ? Parle-t-elle de particules fines ou d’azote ? Les données d’AirParif, l’organisme chargé par le ministère de l’Environnement de surveiller la qualité de l’air en Île-de-France, sont plus précises.
En effet, selon AirParif, environ 40% des particules fines les plus nuisibles, les PM2,5, ont disparu en dix ans entre 2012 et 2022 dans toute l’Île-de-France. En revanche, pour le dioxyde d’azote, la baisse est de seulement 30%. Et si on se concentre uniquement sur Paris, le taux de pollution de fond au dioxyde d’azote a bien baissé de 40%, mais les particules fines PM2,5 n’ont diminué que de 25%. Près des axes routiers, les taux de diminution de ces deux types de pollution sont plus élevés avec une baisse de cinq points supplémentaires.
Plusieurs facteurs non mesurables sont à l’origine de cette baisse
Il n’est pas possible à ce jour d’attribuer la baisse de la pollution à un seul facteur tel que le développement du vélo. En effet, même si le nombre de pistes cyclables augmente depuis les années 2000 à Paris, l’usage du vélo n’a vraiment augmenté qu’au début de la crise sanitaire en 2020.
Donc, plusieurs éléments contribuent à la réduction de la pollution dans la capitale. Antoine Trouche, en charge des relations presse chez AirParif, explique : « Evidemment, le développement du vélo y contribue, mais il y a d’autres facteurs. » Il cite notamment le remplacement des anciens véhicules par des modèles plus récents émettant moins de particules, ainsi que la création de zones à faibles émissions (ZFE) et l’augmentation de l’utilisation de certains transports en commun.
D’autres causes de cette baisse sont hors du contrôle de la ville de Paris, comme le changement des modes de chauffage ou l’isolation thermique des bâtiments.
Augmentation de la pollution à l’ozone due au réchauffement climatique
Malgré le déclin de la pollution dans la capitale, AirParif souligne qu’il y a encore du chemin à parcourir. En effet, la pollution atmosphérique reste responsable de 1 780 décès prématurés rien qu’à Paris chaque année.
Par ailleurs, Antoine Trouche explique que les niveaux d’ozone ont augmenté d’environ 30% à Paris sur une décennie. Cette pollution est directement liée aux fortes chaleurs et au fort ensoleillement, symptômes du réchauffement climatique. En somme, les efforts pour réduire les émissions des polluants précurseurs de l’ozone n’ont pas réussi à compenser l’effet du changement climatique sur la pollution de l’atmosphère.