Suite à l’incident tragique qui a eu lieu à Bruxelles, où deux citoyens suédois ont perdu la vie dans une attaque terroriste islamiste lundi soir, et après le meurtre de Dominique Bernard, qui était professeur de littérature, les professeurs et les étudiants du collège et du lycée Gambetta d’Arras reprennent les cours aujourd’hui, quatre jours après ces événements.
Il est évident qu’après des attaques comme celles survenues à Bruxelles et Arras, le terrorisme pose une grave menace à l’ensemble de l’Europe. Le lendemain d’une journée de deuil, pendant laquelle une minute de silence a été observée dans les établissements scolaires français en l’honneur d’un enseignant assassiné par un terroriste tchétchène, les professeurs se sentent ébranlés et inquiets à propos de leur capacité à remplir leur devoir. Car il s’agit d’un autre jour de deuil national en l’honneur de Samuel Paty, un professeur d’histoire qui a été tué à la sortie de son établissement scolaire à Conflans Saint-Honorine en 2020. Il s’agit de deux tragédies à trois ans d’intervalle. Cette similitude terrifiante met en évidence la façon dont les éducateurs sont devenus des cibles du terrorisme islamiste.
Les professeurs sont les dépositaires de nos libertés. Ils transmettent la plus précieuse de toutes, celle de la libre pensée. Dans nos sociétés actuelles, souvent orientées vers un consumérisme effréné, il est probable que nous ayons sous-estimé l’importance du rôle des enseignants. Les islamistes, à l’inverse, reconnaissent parfaitement leur valeur. Dans le monde entier, l’éducation entrave la progression de leur plan mortel. En Afghanistan, les talibans empêchent les filles d’aller à l’école ; en Iran et dans les pays du Golfe, l’éducation est fermement contrôlée par les mollahs et les imams. Il n’est donc pas surprenant que l’école soit le premier champ de bataille de l’islam politique en France, comme ce fut le cas à Creil en 1989, où des jeunes filles, poussées par des associations, refusaient d’enlever leur voile pendant les cours.
Un professeur sur deux admet s’être déjà autocensuré
Le gouvernement peut et doit soutenir les enseignants lorsqu’ils soulignent les atteintes à la laïcité à l’école. C’est grâce aux « hussards noirs de la République » que la loi de 1905 sur la séparation de l’Église et de l’État a été adoptée par la société. Aujourd’hui, les enseignants restent notre première défense contre les idées rétrogrades. D’après une étude récente de l’Ifop, un professeur sur deux admet avoir choisi l’autocensure afin d’éviter des complications, et 60% ont déjà vu leurs cours contestés pour des raisons religieuses. Les enseignants d’histoire sont particulièrement exposés et il devient parfois risqué d’enseigner la Shoah ou la théorie de l’évolution. L’État, et plus largement la société, doit soutenir ses professeurs, « coûte que coûte ». Afin de protéger nos libertés, c’est beaucoup plus crucial que de s’occuper de l’augmentation du prix des carburants.