L’autorité gouvernementale a pris la résolution d’affecter un conseil stratégique au domaine de l’intelligence artificielle. Une problématique qui suscite des préoccupations croissantes dans divers secteurs, y compris l’industrie cinématographique.
Dans le domaine du cinéma, l’intelligence artificielle (IA) est un sujet qui revient constamment dans les discussions, particulièrement parce que les capacités techniques de l’IA ne cessent de s’améliorer en termes de précision et de réalisme. D’ailleurs, l’IA a été une préoccupation majeure durant la récente grève qui a mis Hollywood à l’arrêt pendant plusieurs mois. Alors qu’en pensent les professionnels du cinéma français ? Pour le moment, face à ce que d’aucuns pourraient assimiler à un virus inconnu ou une menace évasive, l’industrie cinématographique reste incertaine. Toutefois, elle reste persuadée qu’un être humain sera toujours nécessaire à côté de la machine, soit pour la rectifier soit pour lui donner son impulsion.
Selon le réalisateur Cédric Klapisch, l’IA serait capable de faire des copies, mais elle ne pourrait pas innover. « Ce qui est passionnant, bien que ce ne soit pas toujours négatif, c’est que cela met l’accent sur le fait que ce qu’un algorithme est en mesure de créer n’est pas ce que nous appelons création. Vous ne pouvez pas inventer un film d’Almodovar, vous ne pouvez pas inventer un film de Godard. Un algorithme ne peut pas y parvenir », déclare le cinéaste.
Beaucoup ont eu la chance de voir des fausses bandes-annonces générées par l’IA, comme une version de Star Wars à la manière de Wes Anderson, mais aucun film de moyen ou long métrage basé sur le même modèle n’a encore été produit.
Un système de Caoutchouc qui ne renvoie que ce qu’on lui donne
Les scénaristes sont particulièrement vulnérables face aux risques engendrés par l’intelligence artificielle. Ce sont eux en effet, inquiets pour leur profession, qui ont déclenché la grève aux États-Unis. Leurs collègues français expriment les mêmes interrogations, avec une pointe d’ironie toutefois. Fadette Drouard, qui a co-écrit récemment le film La Syndicaliste avec Isabelle Huppert, a demandé au populaire logiciel ChatGPT de lui rédiger un scénario. Elle l’a trouvé catastrophique : les personnages dont elle avait pourtant décrit les caractéristiques n’étaient pas cohérents et passaient par des situations trop clichées.
Drouard n’est pas opposée à l’IA par principe, mais pour l’instant, elle n’y voit que des limites. Elle la considère comme une sorte de caoutchouc qui ne fait que renvoyer à l’expéditeur ce qu’on lui donne.
« Un exosquelette pour notre cerveau »
Cependant, l’intelligence artificielle est un outil précieux, voire un avantage, pour certaines professions, notamment les secteurs techniques qui l’utilisent déjà pour accomplir diverses tâches. C’est le cas notamment chez Mac Guff, un studio de création d’effets visuels basé à Paris, spécialisé dans les visages. Son président, Rodolphe Chabrier, compare même l’IA à l’arrivée du numérique dans les années 1990 : « L’IA fait plus que conclure le travail ou nous faire gagner du temps. Elle ouvre de nouvelles portes et ne travaille pas à notre place. L’IA est comme un exosquelette pour notre pensée, pour notre cerveau. Elle rend plus intelligentes notre façon de faire certaines tâches qui nous prendraient normalement des dizaines de semaines, de mois ou même d’années à accomplir. »
Même si aucun acteur réel n’a encore été remplacé par un avatar virtuel, les choses évoluent rapidement. Chabrier pense que ces changements se font dans une sorte de zone grise juridique. Il plaide pour une protection légale, en particulier en ce qui concerne les droits d’auteur.
Avec l’accord signé récemment à Hollywood, il est mentionné que personne ne peut se voir contraint de réaliser un film écrit ou conçu par une IA, mais le scénariste peut l’utiliser avec l’accord du studio. Ce qui laisse donc une ouverture à l’IA dans l’industrie cinématographique.