Le meurtre d’un professeur à Arras, qui a eu lieu vendredi dernier, est un choc supplémentaire pour le monde scolaire déjà frappé par de nombreux problèmes. Ce n’est pas moins qu’un défi de taille pour le ministre de l’Éducation nationale et de la jeunesse qui ne cesse d’intervenir publiquement.
L’éducation est dans une situation difficile. Il y a une semaine exactement, un deuxième enseignant a été la victime d’un attentat islamiste, trois ans après Samuel Paty. Cette tragédie a profondément choqué le corps enseignant. Ce traumatisme et cette colère ont été ressentis de manière palpable jeudi 19 octobre lors des funérailles de Dominique Bernard, auxquelles assistait silencieusement Emmanuel Macron. Le Président, habituellement si bavard, était cette fois sans voix. Comme un symbole de l’incapacité de l’État à contrer la menace du terrorisme islamiste.
Gabriel Attal, par contre, n’a pas cessé de prendre la parole depuis la rentrée, exprimant ses idées quasiment en permanence. Il était encore jeudi soir l’invité de France 2. Il a profité de cette occasion pour affirmer une ferme détermination à garantir le respect de la laïcité à l’école, pour montrer son inflexibilité face aux 500 élèves qui ont troublé cette semaine les hommages à Samuel Paty et Dominique Bernard, et pour promettre de protéger quotidiennement les enseignants.
Par ailleurs, Gabriel Attal a annoncé qu’une « enquête éclair » sera lancée dans les prochains jours pour étudier la question de la sécurité des établissements scolaires. C’est une annonce supplémentaire. Depuis l’interdiction du port de l’abaya dans les établissements scolaires, annoncée fin août, juste avant la rentrée, le ministre n’a pas cessé d’agir. Il apparaît partout et multiplie les actions. En fin de compte, sa communication est telle qu’on pourrait penser… à un ministre de l’Intérieur. En substance, on pourrait dire que Gabriel Attal suit la même approche que celle de Sarkozy ou de Darmanin.
Une omniprésence bénéfique pour sa popularité
La popularité de Gabriel Attal est en nette progression dans les sondages et au sein de la majorité. Concernant l’éducation, il est encore trop tôt pour en juger. Ce qui est certain, c’est qu’il faudra bien plus que des discours et des images pour répondre au déclin du niveau scolaire, résoudre la crise des vocations et redonner confiance aux enseignants. En somme, pour mettre fin à cette impuissance publique dont Gabriel Attal a lui-même fait écho jeudi soir, sur France 2. Le ministre a relaté le témoignage « effrayant » des enseignants du lycée d’Arras. Depuis l’assassinat de Samuel Paty, il y a trois ans, certains craignaient qu’un de leurs collègues soit un jour tué par le jeune terroriste qui a finalement commis ce sinistre acte vendredi dernier. Malgré plusieurs signalements, rien n’a pu être fait pour éviter ce drame. Ni l’Éducation nationale, ni la police, ni la justice n’ont pu prévenir le meurtre de cet enseignant.