En discutant avec sa fille Scarlett, le cinéaste Richard Curtis a admis que les blagues concernant le poids des femmes sont désormais inappropriées. Il réfléchit aussi à la faible représentation de la diversité parmi les protagonistes de ses œuvres cinématographiques populaires.
Le cinéaste Richard Curtis prend la parole pour critiquer l’obésophobie apparente dans ses propres productions. Sans nul doute, le personnage de Bridget Jones, avec ses rondeurs et ses défauts largement exposés dans la trentaine, a fait l’objet de nombreuses discussions depuis son apparition dans les salles de cinéma en 2001, accompagnée de la chanson All by myself.
Bridget Jones, une célibataire dépassée par les événements et indubitablement malheureuse de l’être, maladroite mais affectueuse avec son pyjama à l’effigie de pingouins. Elle aurait pu offrir une alternative aux protagonistes de l’époque, généralement représentées par des top-modèles aux corps sveltes. Cependant, Bridget Jones est principalement connue pour son engouement pour les glaces et le chocolat, son double menton et sa gigantesque culotte de style grand-mère.
« Appeler quelqu’un de ‘gros’, c’était amusant, mais ce n’est plus le cas »
Bridget Jones, souvent décrite comme la « grosse amicale », est un peu perdue et désireuse d’amour. D’ailleurs, à l’époque, la presse a félicité l’actrice Renée Zellweger pour son audace à prendre « héroïquement » 12 kilos pour son rôle, grâce à un régime alimentaire essentiellement constitué de pizzas et autres mets très gras, au point où ses cuisses se touchaient lorsqu’elle marchait. En fin de compte, l’actrice pesait tout juste « 62 kilos » pour une taille de 1 mètre 63, un poids parfaitement normal. Cependant, son interprétation a indéniablement engendré des complexes chez de nombreuses personnes.
Plus de 20 ans après la sortie du film, son réalisateur Richard Curtis fait acte de repentance. « Je me souviens du choc que j’ai ressenti il y a cinq ans lorsque ma fille Scarlett m’a dit: ‘tu ne peux plus jamais utiliser le mot ‘gros’. », admet Richard Curtis. Pour ma génération, appeler quelqu’un de ‘gros’ c’était amusant, mais ce n’est plus le cas », rapporte le Guardian. Richard Curtis, cinéaste néo-zélandais, a été interpellé par sa propre fille, féministe engagée, sur le caractère grossophobe des blagues présentes dans les scénarios de ses films. Richard Curtis confie également regretter la rareté de personnages de race différente et homosexuels dans ses autres films, comme Coup de foudre à Notting Hill. « J’aurais aimé être un pionnier », confie-t-il, « Mais étant issu d’une école et d’un cercle d’amis universitaires très peu diversifiés, je ne me sentais pas légitime pour écrire ces rôles et je ne savais pas comment m’y prendre. J’ai été naïf et je me suis trompé à ce sujet ». Après tout, seuls les idiots ne changent jamais d’avis.