Juste avant le Black Friday, une initiative de sensibilisation de l’Agence de la Transition écologique provoque l’indignation des acteurs du commerce car elle encourage à l’abstention d’achat. Cependant, le département de la Transition écologique défend fermement ces courtes vidéos publicitaires, alors que la résidence du Premier ministre qualifie l’un de ces spots de « maladroit ».
Il se peut que vous avez déjà vu ces vidéos mettant en avant un « anti-vendeur ». Il vous suggère d’opter pour un téléphone reconditionné plutôt qu’un neuf, de louer une ponceuse puisque vous ne l’employez pas régulièrement, ou de faire réparer votre machine à laver.
Mais ce qui attire plus l’attention c’est l’« anti-vendeur » de la polémique. Dans ce clip, on voit un client rentrer chez lui les mains vides alors qu’il envisageait d’acheter un nouveau polo. L’« anti-vendeur » conseille au client de résister à la remise de -70% et lui fait remarquer que le polo qu’il porte déjà fait l’affaire, et qu’il a l’avantage d’avoir un rabais de -100%. « C’est une campagne stigmatisante », « un véritable affront », critiquent les détaillants (Alliance du commerce, CPME…) qui exigent le retrait de ces clips. Cependant, le ministère de la Transition écologique ne va pas annuler la diffusion, toujours prévue jusqu’au 4 décembre.
Néanmoins, Christophe Béchu, qui a approuvé ces spots, n’est « pas devenu adepte de la décroissance » rassure son entourage : « L’objectif, c’est de consommer de manière responsable ». Le ministre de la Transition écologique prévoit de publier jeudi 23 novembre dans le quotidien Le Monde une tribune appellent à un « Vendredi Vert », déplorant la « mode éphémère » et le « Vendredi Noir », « modèles de surconsommation indéfendables pour la planète ».
Christophe Béchu ne prétend pas « acheter c’est mal, mais réfléchissez à des alternatives plus écologiques et économiques avant d’acheter du neuf », et pense aussi au « fabriqué en France ».
Eviter de détourner les Français de se rendre en boutique
Mais au sein du gouvernement, tous les membres ne sont pas d’accord. A Matignon, on trouve le clip mettant en scène l’anti-vendeur de polo « malavisé ». « Ce n’est pas le message approprié », d’après les collaborateurs de la Première ministre. En privé, les critiques pleuvent. « La forme dévalorise le contenu, bombarde un conseiller de l’exécutif. Pourquoi avoir filmé un client dans une boutique au lieu de le montrer en train de faire ses achats en ligne ? Là, ils mettent sur un pied d’égalité les sites chinois et la boutique d’une rue d’Angers ! ».
Il faut reconnaître que le secteur de l’habillement française est dans une situation particulièrement critique, avec de nombreuses boutiques qui font faillite. Alors faire réparer oui, éviter le gaspillage oui, acheter responsable oui, mais dissuader les Français de se rendre dans les magasins non. Bercy n’a pas été impliqué dans la conception de cette campagne.
Le ministère de l’Économie reçoit les messages de colère des acteurs du commerce. D’après Bercy, il n’est pas question de blâmer les Français qui profiteront du Black Friday demain, surtout en cette période d’inflation. Le seul conseil du ministère est « soyez vigilants face aux escroqueries et aux promotions qui n’en sont pas vraiment. »