Bruno Retailleau, le leader parmi les sénateurs du parti Les Républicains, réclame une attitude plus stricte à mesure que le projet de loi concernant l’asile et l’immigration commence son examen ce lundi 6 novembre au Sénat. Il cite pour référence la politique d’immigration des États-Unis.
H2: Un projet de loi asile et immigration très controversé
Le projet de loi sur l’asile et l’immigration, clé du gouvernement, a fait son apparition au Sénat le lundi 6 novembre. Ce texte qui vise à « maîtriser l’immigration et à favoriser l’intégration », est sujet à un débat houleux. Bruno Retailleau, le leader du groupe Les Républicains au Sénat, s’oppose fermement à l’article 3 qui propose d’octroyer des permis de séjour aux étrangers travaillant dans des métiers où la demande est forte.
Le matin même, sur RTL, cet élu de la Vendée réclamait une plus grande rigueur pour restreindre l’entrée en France, en s’inspirant des autres démocraties occidentales. Pour appuyer son argument, Bruno Retailleau a pris l’exemple des États-Unis, citant notamment Joe Biden. « Observez Monsieur Joe Biden. Il n’est pas conservateur, il est démocrate. Pourtant, il a décidé de continuer à ériger le mur à la frontière mexicaine, projet initié par son prédécesseur, Monsieur Trump. » Est-ce vraiment le cas ?
H2: Obligé légalement de continuer la construction du mur
Les propos du sénateur LR sont trompeurs. Certes, la construction du mur frontalier entre les États-Unis et le Mexique continue, mais cela n’est pas réellement le fait de Joe Biden et il ne s’agit pas non plus d’un changement de position en accord avec Donald Trump sur la nécessité de ce mur, contrairement à ce que suggère Bruno Retailleau.
En effet, le président américain estime qu’il est légalement « contraint » de continuer la construction de ce mur. Le Congrès américain avait attribué des fonds pour cette construction en 2019, sous le mandat de Donald Trump. « J’ai tenté de persuader le Congrès [à majorité républicaine] de réattribuer ces fonds à un autre usage. Ils ont refusé », a déclaré Joe Biden lors d’une conférence de presse à Washington, le jeudi 5 octobre. « Je ne pouvais pas stopper [le mur] », a-t-il ajouté, car il était « légalement impossible d’employer cet argent pour une autre fin que celle pour laquelle il a été initialement prévu ». L’administration Biden a donc été contrainte de poursuivre la construction du mur jusqu’à la fin de l’année fiscale qui s’est terminée le 30 septembre dernier.
H2: Le mur, une solution inefficace face à l’immigration pour Joe Biden
Cependant, Joe Biden ne soutient pas davantage ce mur aujourd’hui qu’à son arrivée au pouvoir en début 2021, lorsqu’il avait annoncé que ce dernier n’était pas une « réponse politique sérieuse ». Lors de la même conférence de presse en octobre 2023, face à la question des journalistes sur l’efficacité de ce mur, sa réponse fut un simple « non ».
Le président américain a néanmoins été cible de critiques venant de son propre camp et de diverses associations de défense de migrants et de l’environnement qui l’accusent de rétropédalage face à une pression migratoire et politique croissante, comme le rapporte le New York Times (en anglais).
Le secrétaire à la Sécurité intérieure, Alejandro Mayorkas était également sous le feu des critiques, sa position semblant moins nette que celle du président. Dans un document officiel publié par le Registre Fédéral (en anglais) – correspondant au Journal officiel américain – qui présente le tracé des futures parties du mur, Alejandro Mayorkas a déclaré qu’il était « extrêmement urgent et nécessaire de construire des barrières physiques et des routes à la frontière pour prévenir les entrées illégales sur le sol américain ». Pourtant, face aux médias, il insiste sur le fait que « depuis le premier jour, cette administration a clairement annoncé que ce mur frontalier n’était pas la solution » et rappelle que leurs mains sont liées.