En moins d’une journée, l’autorité gouvernante a validé l’extension de l’exception permettant l’usage des chèques-déjeuner en supermarché, au moment où la controverse commençait à gagner en intensité.
Le fait de pouvoir régler intégralement ses achats d’épicerie avec des tickets-restaurant aurait dû s’arrêter le 31 décembre. Toutefois, face à l’intense désapprobation publique, le gouvernement a révisé sa position très rapidement. Mardi 14 novembre, Olivia Gregoire, la ministre en charge des PME et du commerce, a déclaré que les réglementations actuelles instaurées en octobre 2022 pour contrer l’inflation seraient finalement maintenues l’année prochaine. Cette annonce a été faite moins de 24 heures après que son ministère ait confirmé le contraire au Parisien.
Depuis août 2022, l’usage des chèques déjeuner a été élargi à toutes les denrées alimentaires, même celles nécessitant une cuisson ou une préparation (farine, pâtes, riz, œufs, poisson, viande, etc.). Cependant, cette exemption devait être annulée dès le 1er janvier 2024. Plusieurs députés et de nombreux utilisateurs étaient préoccupés ces derniers jours face aux limitations de l’utilisation de ces chèques qui devaient être mises en place dès le 1er janvier 2024.
Même le Modem, parti de la majorité, critiquait le manque de prévoyance : l’expiration de la mesure au 31 décembre était clairement inscrite dans la loi sur le pouvoir d’achat votée à l’été 2022. Le parti allié se préparait même à présenter un texte pour y remédier.
Il n’y a pas eu de retournement de situation, affirme le gouvernement
Le gouvernement dément tout « retournement de situation« . On assure au plus haut niveau du gouvernement que Bercy était prêt. Olivia Grégoire, la ministre en charge, confirme qu’il n’y a eu « aucun retour en arrière« . Elle insiste sur le fait que l’exemption devait se terminer automatiquement et ne résultait pas d’une décision gouvernementale. Il était impossible d’intervenir, ajoute un conseiller, sans consulter les parties concernées, à savoir les employeurs, les syndicats et les restaurateurs, « qui n’étaient pas vraiment emballés à cause des pertes potentielles ».
Prolonger la mesure n’est pas simple sur le plan technique. Il faut à nouveau mettre en place une législation, selon le ministre de l’Économie lui-même. Cependant, le cabinet de la Première ministre Élisabeth Borne approuve cette idée. En effet, elle est en direct confrontée au Rassemblement national, tandis qu’elle insiste sur le fait que toutes ses actions sont centrées sur les préoccupations quotidiennes des Français. Le RN avait annoncé vouloir soumettre sa propre proposition de loi ; il n’en a finalement pas eu l’occasion.
Actuellement, les tickets-restaurant sont utilisés par plus de 5 millions d’employés pour payer des repas ou des produits alimentaires auprès d’environ 234 000 commerces accrédités.