Chaque jour, Élodie Suigo accueille une célébrité dans son univers. Le lundi 13 novembre 2023 ne fait pas exception et met à l’honneur le réalisateur Claude Lelouch. Il revient sur le devant de la scène avec sa création originale nommée « Ciné Spectacle Symphonique ». Celle-ci se distingue par sa combinaison unique de somptueuses musiques originales réinterprétées, pour être embellies par les scènes emblématiques extraites de ses propres films.
La vie à travers l’objectif de Claude Lelouch
Claude Lelouch, réalisateur, producteur, scénariste et cadreur, s’est progressivement imposé comme le cinéaste de nos existences. A travers ses films, il fait converger des destins, nous racontant diverses épopées de vie. Couronné de l’Oscar et du Golden Globe du meilleur film étranger en 1967 pour Un homme et une femme, et le Grand prix du cinéma français ainsi que le Golden Globe du meilleur film étranger la même année pour Vivre pour vivre, il est un véritable pilier du cinéma.
Suite au triomphe de son spectacle marquant ses 60 ans de carrière couronnés par plus de 50 films, le 12 novembre 2022 au Palais des Congrès de Paris, il a choisi de sillonner les routes pour rencontrer ses spectateurs. Son évènement, Ciné Spectacle Symphonique, nous offre un voyage à travers le temps. D’un côté, la musique de ses films revisités par les talents du Pop Philharmonic Orchestra et de l’autre, les scènes mémorables de son œuvre. Naturellement, on pense à Chabadabada et Francis Lai.
Répondant aux questions d’Elodie Suigo pour 42mag.fr
Franceinfo : Pourquoi était-il important de vous retrouver avec ceux qui ont contribué au succès de vos films ?
Claude Lelouch : J’éprouvais le désir, avec ce ciné-concert, de revisiter 60 années de cinéma. J’ai passé ma vie à observer le monde. Je suis avant tout un reporter. Ce ciné-concert nous emmène sur un voyage incroyable à travers ces six dernières décennies. Et c’est vrai que mon public revisite sa vie. Ils font un flashback impressionnant, non pas avec mes images, mais avec les leurs. En plus, je voulais rendre hommage à tous mes amis qui ne sont plus là, pour montrer que le cinéma peut les rendre éternels.
La première caméra que vous avez reçue de votre père a changé le cours de votre existence. Vos premiers tournages concernaient les actualités autour de vous, notamment l’URSS. C’est vraiment le premier pas, non ?
En effet, cette caméra est devenue mon microscope personnel. Je suis curieux, j’aime tout et je veux connaître le monde. Avec cette caméra, j’ai la possibilité de voyager et d’aller là où se passent les événements.
Quand Quand le rideau se lève est sorti, vous avez gagné en notoriété et avez eu envie de diversifier vos activités. Vous aviez acteurs débutants et documentaires à l’époque, mais vous avez compris que la direction d’acteurs était extrêmement importante, non ?
Oui, c’est juste. D’abord, j’ai réalisé des films pendant mon service militaire en Algérie époque. Les acteurs étaient des militaires, pas des professionnels. Très vite, j’ai compris que ce qui me plaisait au cinéma, c’est que l’on croit aux histoires. Peu importe les genres, du moment que je peux croire aux histoires. Je m’investis énormément pour que le public croie aux histoires que je raconte. Pour y parvenir, il faut filmer des acteurs qui ne jouent pas, mais qui vivent vraiment leur rôle.
Votre vie s’est partagée en plusieurs segments clefs. Le premier marqua la naissance d’Un homme et une femme en 1966. Ce film a été un tournant majeur dans votre vie ?
Oui, Un homme et une femme est probablement le film le moins coûteux et le plus rentable dans l’histoire du cinéma. Et c’est vrai, j’ai senti que c’était peut-être mon dernier film car les six précédents n’avaient pas brillé au box-office. J’ai donc pris tous les risques avec celui-ci. En conséquence, ce succès m’a offert un demi-siècle de liberté artistique. Mon métier est de faire rêver les gens et comme on ne meurt pas d’une surdose de rêves, j’ai bien l’intention de réaliser tous les miens.
Votre perception de vos 60 ans de carrière a-t-elle changé ?
Oui, mon regard est bien plus indulgent. J’accepte tout.
« Je pense que les fautes sont inévitables dans nos vies et que les personnes intelligentes savent pardonner. En pardonnant, on peut tout accomplir. J’ai fait beaucoup d’erreurs dans ma vie, on me les a pardonnées, donc je suis toujours là. »
Quel regard portez-vous sur l’immensité de votre carrière, sur ce que vous avez accompli, sur plus de 50 films, car on en est maintenant à 51 ?
Si on m’avait proposé le scénario de ma vie à ma naissance, je ne l’aurais pas cru possible. Et il est vrai que lorsque j’arrive à filmer des petits miracles, je suis extrêmement heureux. Vous avez devant vous un homme comblé, profitez-en, car c’est rare.
Le Ciné Spectacle Symphonique se produira le 11 novembre 2023 à Bar-le-Duc, le 15 novembre à la salle Pleyel à Paris, le 3 décembre au Zénith de Lille. D’autres représentations auront lieu en 2024 : le 17 novembre au Zénith de Rouen et le 1ᵉʳ décembre au Zénith de Caen.
Voici l’interview en vidéo: