Concernant le sujet de la libération des prisonniers détenus par le Hamas, le président de la République a choisi de s’appuyer sur Sébastien Lecornu, l’actuel ministre de la Défense, ainsi que sur Jean-Yves Le Drian, qui fut ministre des Affaires étrangères. Pour ce qui est de Catherine Colonna, les membres du parti majoritaire semblent déçus, estimant qu’elle « ne laisse pas sa marque ».
La France a tenté d’intervenir pour favoriser l’accord proclamé le mardi 21 novembre concernant la libération d’otages en détenus par le Hamas. Ce qui apparait singulier c’est que les acteurs attendus n’étaient pas nécessairement en tête de file.
Emmanuel Macron, de son côté, a nourri des contacts considérables auprès des dirigeants de cette région, surtout avec l’émir du Qatar, Tamim ben Hamad Al-Thani, et le président égyptien Abdel Fattah al-Sissi, deux intermédiaires de choix. Il a également eu recours à deux messagers, le ministre de la Défense, Sébastien Lecornu, qu’il a dépêché en mission au Proche-Orient pendant la semaine écoulée, y compris deux visites effectuées à Doha, au Qatar, en l’intervalle de 48 heures. Sans oublier Jean-Yves Le Drian, son ex-ministre des Affaires étrangères. En tant qu’envoyé spécial d’Emmanuel Macron au Liban, il a aussi sollicité ses connections dans le Golfe. Le président de la République a plutôt fait moins reliance à la titulaire actuelle du ministère des Affaires étrangères qui est beaucoup plus en retrait.
Où se trouve Catherine Colonna ? Voilà l’interrogation que certains au sein de la majorité semblent se poser. Le ministre des Affaires étrangères est persistamment en activité. Elle s’est rendue à trois occasions dans cette région depuis le début du conflit, notamment aux Émirats arabes unis, et elle maintient le dialogue avec ses interlocuteurs égyptien, turc ou iranien. Et elle s’est prêtée à de multiples entretiens mercredi matin dans Libération et sur France Inter. Mais Catherine Colonna « ne laisse pas de trace », se désole-t-on au sein de la majorité. Bien sûr, le domaine des affaires internationales étant de la compétence « réservée » du Président, il est toujours compliqué pour le ministre des Affaires étrangères de s’imposer. Mais Catherine Colonna ne fait pas beaucoup de bruit en tant que porte-parole du chef de l’État et elle a du mal à lui obtenir la loyauté absolue du corps diplomatique.
Une note de critique s’échappe dans les médias
Récemment, des diplomates ont exprimé leurs reproches. C’est un cas rare, une note écrite par des ambassadeurs de France au Proche-Orient et au Maghreb, critiquant la politique française, a été divulguée dans les médias. Cet épisode a irrité l’Élysée. Il souligne l’insatisfaction qui prévaut au ministère des Affaires étrangères, administration inaltérable, presque figée, qui résiste aux changements de direction qu’Emmanuel Macron essaye d’imposer. Un mécontentement exacerbé par la suppression du corps diplomatique initiée par le chef de l’État. Dans un entretien pour Libération, Catherine Colonna considère « déplorable et inhabituel » que ces notes aient été divulguées et elle rappelle que c’est le Président qui « décide de la politique extérieure de la nation ». Il reste à déterminer qui va la concrétiser au nom du Président ?