Dans un courrier adressé ce vendredi aux responsables politiques, Emmanuel Macron suggère d’ouvrir le champ des référendums à des problématiques sociétales. « Il envisage de l’étendre aux débats sur l’immigration, mais il se garde bien de toucher aux sujets de la retraite ou à la fiscalité sur les hauts revenus », fait remarquer Patrick Kanner.
Patrick Kanner, sénateur PS du Nord et président du groupe socialiste, écologiste et républicain au Sénat, est monté au créneau, le 6 novembre, contre ce qu’il considère être des artifices continuellement utilisés par le président Emmanuel Macron. Il a été révélé ce jour-là que le président de la République avait invité tous les leaders des partis politiques à une nouvelle « rencontre de Saint-Denis », après celles du 30 août et du 12 octobre.
Dans la foulée, Patrick Kanner a soutenu la position du premier secrétaire du PS, Olivier Faure, qui a décidé de ne pas y participer. Patrick Kanner estime que trop d’initiatives de ce type ont été lancées, à savoir le Grand Débat, le Conseil national de la refondation, les conventions citoyennes, qui sont autant de structures politiques non identifiables.
« Honnêtement, il suffirait simplement de faire fonctionner correctement nos institutions, tels que le Parlement et l’exécutif, conformément à ce qui est stipulé par la Vème République. Cela serait amplement suffisant pour que tout se passe bien », indique Patrick Kanner.
Vendredi dernier, une lettre a été envoyée par le président Macron à tous les chefs des partis politiques représentés au Parlement. Dans cette correspondance, le président évoquait la possibilité d’étendre le scrutin référendaire à des sujets sociétaux, tels que les dossiers liés à l’immigration. Cependant, cette proposition a été jugée totalement inéquitable par Patrick Kanner, puisqu’elle exclut d’autres sujets importants tels que les retraites et la taxation des surprofits, qui pourraient pourtant générer des recettes supplémentaires pour l’Etat. Patrick Kanner juge que c’est une forme de jeu avec les parlementaires.
Kanner en appelle au sens des responsabilités des centristes
Patrick Kanner a également appelé à la responsabilité de ses collègues centristes. Le projet de loi concernant l’immigration doit en effet être débattu au Sénat ce lundi. Il souhaite leur poser la question de savoir s’ils opteraient pour une politique totalement répressive ou s’ils seraient en faveur de l’amélioration des conditions de vie de dizaines de milliers de travailleurs dans notre pays.
Le rôle du centre est crucial au Sénat. Si ses membres décidaient simplement de s’abstenir concernant l’article 3, qui amène à simplifier la régularisation des travailleurs dans les secteurs en tension, les Républicains seraient alors en mesure de le supprimer. Hervé Marseille, le leader des sénateurs centristes, se montre néanmoins optimiste et pense qu’un compromis pourrait être trouvé.