Au cinéma Jean Eustache à Pessac, jusqu’au 27 novembre 2023, vous aurez la possibilité de visionner pas moins de 60 œuvres cinématographiques, comprenant des fictions et des documentaires, tous centrés sur le thème de la planète Terre et de ses infortune. Ceci dans le cadre du Festival international du film d’histoire, une espèce de laboratoire visuel pour notre futur.
Comme chaque année, le Festival International du Film d’Histoire se déroule à Pessac, en Gironde. S’ancrant dans des thèmes historiques revisités par le cinéma, ce festival a abordé par le passé des sujets comme le rapports entre les sexes, la décolonisation ou les années 70. Cette édition s’articule autour du thème de la Terre, un sujet vaste et souvent dramatique. Entre les alertes écologiques, les récits de paysans sans terres ou de forêts détruites, les cinéastes s’engagent à décrire diverses facettes de cette réalité. Tour d’horizon de quelques films sélectionnés pour cette édition engagée.
« Les Colons » signé Felipe Gálves Haberle
Le festival a débuté avec « Les Colons » de Felipe Gálves Haberle, un film qui éclaire une page obscure de l’Histoire chilienne : le massacre des autochtones de la Terre de Feu, un épisode souvent omis dans les manuels scolaires du pays. Prenant place en 1901, dans un désert de pierres riches en pétrole entre les Andes et l’Atlantique, l’intrigue se concentre sur la campagne de ‘civilisation’ entreprise par l’aristocratie blanche. Trois cavaliers sont chargés par le riche propriétaire terrien José Menendez de déloger les populations autochtones de leur territoire. Dans un style qui évoque un western mélancolique et contemplatif, le film retrace ce tragique épisode de génocide des Selk’nam (ou Onas pour les colons), tout en questionnant le rôle de la colonisation dans l’émergence de la crise climatique.
Selon le réalisateur Felipe Gálves Haberle, il y a un lien direct entre la disparition des communautés autochtones et la dégradation environnementale d’aujourd’hui, tous deux étant les fruits d’une quête effrénée de profit.
Le septième art : prédicteur d’alerte depuis 1973
Le Festival met en lumière le rôle du cinéma en tant que lanceur d’alerte, anticipant souvent la prise de conscience politique face aux enjeux environnementaux. Ainsi, François Aymé, commissaire général du Festival, évoque le film « Soleil vert » datant de 1973 qui dépeint un futur dystopique où les ressources naturelles sont épuisées et où la planète est devenue inhospitalière – un scénario qui nous rappelle étrangement notre réalité actuelle.
Les cinéastes américains se sont emparés du sujet des scandales environnementaux dès les années 2000. Le cas de « Dark Water » est emblématique de cette tendance, rappelant que le géant chimique DuPont était conscient depuis des décennies des effets dévastateurs du Téflon. De même, « Erin Brockovich » raconte la bataille acharnée d’une femme contre une entreprise qui pollue l’eau potable d’une petite ville californienne, provoquant une épidémie de cancer.
En France, la précurseure serait Coline Serreau
Présidente du jury, la réalisatrice Coline Serreau a toujours mis au centre de son œuvre la problématique du dérèglement climatique. Son film « La Belle verte », sorti en 1996, traite de ces questions avant qu’elles ne soient au cœur du débat public. Le film propose une vision utopique d’un monde non pollué, mettant en avant le végétarisme. Malgré son échec initial, « La Belle Verte » est aujourd’hui reconnu pour sa vision avant-gardiste.
Un cinéma tourné vers des solutions
Consciente de l’urgence à trouver des solutions à la crise environnementale, Coline Serreau a réalisé en 2010 le documentaire « Solutions locales pour un désordre global », qui valorise les initiatives positives face à la crise. De nombreux documentaristes, comme Marie-Monique Robin avec son film « La Fabrique des pandémies », produisent également des œuvres engagées, cherchant à éveiller les consciences.
Un vent d’espoir pour les forêts par François-Xavier Drouet
Le Festival projette également le film « Le Temps des forêts » de François-Xavier Drouet, qui expose la problématique de la « malforestation » en France. S’il révèle le saccage de nos forêts par la mécanisation, le documentaire met aussi en avant les mouvements de résistance et les alternatives écologiques qui se développent. Il suggère notamment que les changements climatiques, en obligeant à repenser la gestion des forêts, pourraient être une opportunité pour les préserver.