Le numéro un de l’automobile électrique au niveau international ne donne pas son accord pour signer un accord collectif pour ses travailleurs en Suède. En guise de soutien, diverses branches se sont ralliées à la cause.
Bien que le leader mondial des véhicules électriques n’ait pas d’établissement industriel en Suède, il y a des techniciens employés pour entretenir ses automobiles. Il y a quelques semaines, en fin du mois d’octobre, suite au refus de la compagnie de valider la convention collective pour son personnel, un total de 130 techniciens mécontents ont lancé une grève en déposant leurs outils sur leurs tables de travail. Cependant, en raison du grand nombre de jeunes travailleurs non syndiqués dans ce domaine, l’effet de la grève reste minime. La direction, de son côté, ne se laisse pas intimider et a même osé rompre les négociations. A partir de cet instant, la révolte s’est propagée. D’autres parties prenantes sont entrées en jeu, à l’instar des distributeurs qui ont cessé de commercialiser des Tesla malgré une demande croissante, les transporteurs qui ont refusé de les emballer dans leurs camions ou encore les manutentionnaires qui ont décidé de ne plus les décharger des navires. Dès le 17 novembre, tous les ports nationaux sont immobilisés, les électriciens ne prennent plus en charge la réparation des 213 stations de charge, le service de taxi de Stockholm a arrêté ses commandes de voitures Tesla et un fournisseur d’éléments en aluminium a mis en pause son contrat. Incluant même les facteurs qui ne distribuent plus les courriers à destination de l’entreprise.
Tesla est isolée dans son secteur
L’origine de cette solidarité découle de l’existence des conventions collectives, qui sont discutées entre les syndicats et les employeurs et qui sont au coeur du modèle suédois du marché de travail. Elles sont sacrées et près de 90% des travailleurs sont couverts par ces textes qui garantissent des salaires planchers et des conditions de travail réglementées. Les techniciens de Tesla sont exclus de ces avantages et l’entreprise d’Elon Musk a toujours refusé de signer, affirmant que c’est une question de principe. La société américaine, qui possède 127 000 salariés à travers le globe, ne l’a fait nulle part ailleurs, elle ne voit pas pourquoi elle devrait commencer maintenant. En Suède, cette décision a entraîné un conflit social exceptionnel et inédit depuis les années 90. Il est appuyé par la population, et même Stefan Löfven, l’ex-Premier ministre a recommandé le boycott de la marque.
On attend de voir qui va fléchir en premier. Le syndicat suédois IF Metall suit avec attention ce qui se passe en Allemagne où certains projets de la Gigafactory Tesla près de Berlin ont été remis en question récemment pour les mêmes raisons. Pour pouvoir continuer ses opérations, le constructeur a dû concéder à des augmentations de salaires de 4% au début du mois de novembre. Aux États-Unis aussi, la marque est pressée par l’administration américaine pour imiter ses concurrents General Motors, Ford et Jeep, qui après six semaines de grève se sont résignés à de considérables concessions salariales.