Des photos des carnages orchestrés par le Hamas en Israël au commencement du mois d’octobre ont été exposées à l’Assemblée nationale le mardi. L’historien Christian Delage questionne, « On peut se demander ce qui est visé : est-ce dans le but de s’assurer que l’incident a bien eu lieu ? »
L’Assemblée nationale française a accueilli, le mardi 14 novembre à 17h30, la diffusion des vidéos des atrocités perpétrées par le Hamas. Cet événement, initié par Mathieu Lefèvre, député Renaissance et président du groupe d’amitié France-Israël, a rassemblé les 120 députés membres de ce groupe. Christian Delage, historien et réalisateur, auteur de Filmer, juger. De la Seconde Guerre mondiale à l’invasion de l’Ukraine, a soulevé des questions sur cette projection lors de son intervention sur franceinfo le même jour. Il a rappelé que ce type de contenus est généralement présenté dans des « tribunaux », comme ce fut le cas à Nuremberg en 1945.
Dans un autre article intéressant, on se pose trois questions sur la vidéo des massacres du Hamas qui a été projetée devant les députés français à l’Assemblée nationale.
Interrogé sur son point de vue concernant cette diffusion à l’Assemblée nationale, Christian Delage s’est dit surpris du choix de ce lieu pour une telle projection, d’autant plus que probablement aucun débat n’aurait lieu après. Il s’interroge sur l’objectif de cette démarche : s’agit-il de confirmer que l’événement a effectivement eu lieu ? Selon lui, de nombreuses images et articles ont déjà été diffusés dans les médias. Il se demande si les députés ont besoin de cette expérience collective, de voir ensemble ces images, par crainte d’un déni de l’événement, et pour témoigner ainsi de la réalité du crime.
La question du regard des spectateurs sur ces images soulève des divergences parmi les députés: certains ont décidé de ne pas assister à la projection pour éviter de quitter la salle avec une sentiment de haine ou de vengeance.
Christian Delage précise que ces images, déjà projetées dans de nombreux pays devant la presse internationale, ont été insoutenables pour certains spectateurs qui ont dû quitter la salle avant la fin. Il souligne la difficulté de voir des personnes se faire tuer, des enfants être blessés et le fait que plus de 50 % de ces images ont été filmées par les criminels eux-mêmes, comme pour documenter leur acte criminel.
Dans une citation marquante, Christian Delage s’exprime sur le malaise de placer les spectateurs, que ce soit à l’Assemblée nationale ou ailleurs, dans la position dérangeante de témoins d’un crime en cours.
Il rappelle que la projection d’images liées à des crimes a un précédent, mais ce dernier se situe en contexte judiciaire. Ainsi, en 1945, lors du procès de Nuremberg, les images des camps de concentration nazis ont été montrées pour la première fois. Le but de cette projection était d’évaluer la réaction des accusés face à leurs crimes.
D’autres débats ont eu lieu concernant la projection d’images de crimes, notamment durant le procès de Mohamed Merah et lors du procès des attentats de janvier 2015 et du 13-Novembre. Dans le cas de Merah, le président de la cour d’assises avait refusé de montrer les images, les jugeant trop horribles. Quant aux attentats de janvier 2015 et du 13-Novembre, ce sont les parties civiles qui ont demandé la diffusion de ces images en guise de preuve de la réalité des crimes commis et pour aider les parents endeuillés à faire leur deuil.