Chaque jour, une célébrité fait une apparition dans l’univers d’Élodie Suigo. Le jeudi 30 novembre 2023, c’est au tour de l’acteur Pierre Richard. Aujourd’hui, il sort son autobiographie intitulée « Souvenirs d’un distrait », publiée par les éditions du Cherche-Midi.
Sur différents aspects, Pierre Richard est bien plus que son métier d’acteur, réalisateur et scénariste
Officiellement, Pierre Richard est un acteur, un réalisateur et un scénariste reconnu. Cependant, ça se limite pas seulement à ça, que ce soit dans le monde cinématographique ou dans la vie quotidienne. Ce qui le distingue, c’est son authenticité. Pierre Richard a toujours été plutôt introverti, il préférait contempler la lune et les étoiles plutôt que de prêter attention à ses chaussures. Il se sentait toujours plus à l’aise en petit comité, entouré de ses amis proches, plutôt que dans les soirées mondaines. C’est un homme qui fait profil bas, discret et épris de la vie, qui cherche toujours à rester dans l’ombre. Le 30 novembre dernier, il a publié en collaboration avec Christophe Duthuron, une oeuvre intitulée Souvenirs d’un distrait, parue aux éditions du Cherche-Midi.
Interview de 42mag.fr sur son ouvrage Souvenir d’un distrait
franceinfo : Après lecture de votre livre, on s’aperçoit que le personnage de distrait que vous incarnez n’est pas tout à fait vous. Qui êtes-vous réellement alors ? Car je n’ai pas trouvé de réponse dans votre livre, bien que je l’ai lu en intégralité.
Pierre Richard : Moi non plus je n’ai pas toutes les réponses ! Je suis particulièrement intrigué par ce qui est superflu et inutile. Je ne suis pas vraiment à ma place dans ce monde qui nécessite de l’attention d’urgence. Pour moi, les situations urgentes ne sont pas les mêmes qu’ailleurs.
« On pourrait croire que je suis distrait car je porte attention aux choses que d’autres négligent. »
Pierre Richarddéclarait à 42mag.fr
C’est vrai que cette malentendu persiste depuis une demi-décennie, mais pourquoi avoir débuté avec un film qui porte le nom Le distrait?
Comme je l’ai expliqué dans mon livre, j’aurais pu choisir de jouer dans Tant qu’il y aura des hommes avec Burt Lancaster, où j’aurais été nu sur une plage en compagnie d’une belle femme. J’aurais pu suivre les traces de Burt Lancaster, mais j’ai choisi le mauvais film! J’ai décidé de suivre Jacques Tati et j’en suis content. J’étais plus apte à jouer des rôles qui reflétaient mon univers : la poésie, le burlesque, l’inattendu, l’irréel. J’ai toujours été dans les nuages, alors raconter des histoires qui se passent sur terre est un vrai défi pour moi.
Votre grand-père a joué un rôle déterminant dans votre carrière. Il semble vous avoir orienté vers une voie qui sera finalement la vôtre, une voie différente. Au fil de votre livre, on comprend que les autres ont souvent été là pour vous guider et vous donner confiance en vous.
J’ai toujours cherché à me placer sous la tutelle de quelqu’un. Je n’ai jamais été le leader. Yves Robert a vu en moi des choses que je ne voyais pas moi-même. Maintenant, avec l’âge, je suis forcé de devenir un patriarche et j’ai du mal à y prendre goût.
« J’ai toujours voulu avoir des pères de substitution, car je n’avais pas le mien. J’en ai eu beaucoup finalement. »
Pierre Richards’exprimant à 42mag.fr
Votre grand-père avait dit à votre mère : « Il va réussir, c’est sûr« . Cette affirmation vous a fortifié, notamment quand Le Distrait est sorti en 1970 et que vous aviez 40 ans.
Effectivement, j’avais 40 ans à sa sortie. J’aurais pu m’inquiéter pour mon futur, mais j’étais plutôt serein grâce à ce que mon grand-père m’avait dit sur son lit de mort. Il m’avait encouragé en disant « Il réussira« . J’ai toujours gardé cette phrase en tête, car c’était mon grand-père, un homme que j’idolâtrais. Je me disais tout simplement que ça arrivera à un moment donné, et ça a fini par arriver.
Votre personnalité est pleine de paradoxes. D’une part, vous avez toujours été hanté par des doutes, mais d’autre part, votre audace vous a conduit à surmonter votre timidité. Lorsque vous jouez, on a l’impression que vous vous libérez complètement.
Peut-être que c’est ma manière à moi de faire face… Certaines personnes vont voir un psychanalyste pour essayer de surmonter certaines de leurs faiblesses, comme la timidité ou la peur. Pour moi, le cinéma a été mon plus grand support. Avant de monter sur scène au théâtre, je prie pour qu’un événement tragique survienne pour m’empêcher de jouer. Une fois sur scène, c’est comme si je me sentais revivre ! Je ne sais pas vraiment ce qui se passe avant que le rideau se lève et après, mais tout se passe toujours bien.
Georges Moustaki, un autre personnage emblématique dans votre vie, vous a beaucoup influencé. Vous avez assisté à la naissance de la chanson Ma liberté (1970), qu’il avait écrite pour quelqu’un d’autre. La notion de liberté revient sans cesse lorsqu’on parle de vous. Avez-vous toujours eu le sentiment d’être un artiste libre ? Un homme libre ?
Tout simplement, j’ai toujours essayé d’être libre. Je crois que j’ai toujours fait les choses par plaisir. Dès que je sens l’absence de plaisir, je préfère m’éclipser. Ma profession est un véritable plaisir, j’ai l’impression de passer ma vie en vacances, simplement parce que j’ai toujours cherché à rester en vacances.
« J’ai refusé beaucoup de choses qui auraient pu m’apporter beaucoup d’argent ou me porter quelque part. Je ne veux pas me contraindre à faire quelque chose qui m’ennuie. »
Pierre Richardà 42mag.fr
Quel est votre regard sur ces 60 années passées en notre compagnie ?
Je suis devenu un patriarche bien malgré moi, et maintenant que ça a eu lieu, je dois l’accepter. Je dois assumer le fait que les gens ont toujours pris plaisir à me voir, même les petit enfants de huit ans. Grâce aux parents qui leur ont montré mon film, je suis toujours autant d’actualité. Un beau jour, je ne serai plus là, c’est inévitable, même si ça sera peut-être dans deux siècles !