L’incident mettant en cause António Costa, qui est à la tête du gouvernement en tant que Premier ministre socialiste depuis 2015, concerne des allégations d’ « abus de pouvoir, de corruption à la fois active et passive parmi les détenteurs de postes politiques, ainsi que du trucage des influences ».
La scène politique portugaise est en ébullition à la suite de la démission inattendue de son Premier ministre, António Costa, le mardi 7 novembre. Le catalyseur de cette situation surprenante est un scandale de corruption associé à l’exploitation du lithium. Les juges en charge de l’investigation sur l’attribution discutable de deux concessions récentes de mines de lithium évoquent des cas de malversation, de corruption de figures politiques et de trafic d’influence. Mardi, ils ont frappé fort, puisque la police détenait plus de 40 mandats de perquisition.
Même le domicile du Premier ministre a été inspecté par la police, malgré le fait qu’il n’est pas directement impliqué. Son chef de cabinet et son conseiller figurent parmi les personnes arrêtées. Deux inculpations ciblent le ministre des Infrastructures et le directeur de l’agence portugaise de l’environnement, qui avaient approuvé les concessions.
La cause de ces rivalités se trouve être les mines, pour la raison que le Portugal est le premier producteur de lithium en Europe et dispose encore de 60 000 tonnes de réserves. Ce métal brillant, léger et malléable était auparavant surtout utilisé dans l’industrie du verre et de la céramique, notamment pour donner de la brillance à la porcelaine. Depuis une décennie, l’essor du marché des véhicules électriques suscite bien des appétits. Les concessionnaires se livrent une bataille acharnée pour ouvrir de nouvelles mines et produire le composant essentiel des batteries au lithium.
Une icone de la social-démocratie européenne
António Costa réfute toute participation à ces affaires. Cependant, son nom est également lié à un autre projet, celui de la production d’hydrogène vert au sud de Lisbonne. Il est suspecté d’avoir agi pour « faciliter des formalités ». António Costanio Costa affirme avoir « la conscience tranquille » mais a déclaré mardi que sa démission était inévitable, car « la dignité des fonctions de Premier ministre n’est pas compatible avec un quelconque soupçon sur son intégrité ».
Jeudi soir, le président du pays s’adressera à la nation, toujours sous le choc. Depuis 2015, António Costanio Costa dirigeait sans réelle opposition. Son parti avait même remporté la majorité absolue l’année précédente. Il était également l’éminente figure de la social-démocratie européenne. La transition sera compliquée. Le président de l’État a deux alternatives : soit nommer un nouveau Premier ministre socialiste, soit, ce qui paraît plus probable, organiser des élections législatives anticipées l’an prochain. Cela risque de créer une opportunité pour l’extrême droite qui ne cesse de dénoncer la corruption des élites et entend bien profiter de ce scandale.