Cette semaine, Thierry Fiorile et Matteu Maestracci nous présentent les nouveautés du cinéma : « La Passion de Dodin Bouffant » réalisé par Tran Anh Hung et « Ça tourne à Séoul ! Cobweb » signé par Kim Jee-woon.
La Fervente Quête de Dodin Bouffant est une réinterprétation du livre de Marcel Rouff, publié en 1920, à l’aube du XXème siècle. Dodin (interprété par Benoît Magimel), est un maestro en cuisine, qui ne prépare des repas désormais que pour ses amis ou pour des invités de marque. Il partage son obsession pour la cuisine avec Eugénie (jouée par Juliette Binoche), qui a été à ses côtés dans cette aventure culinaire depuis deux décennies.
Leur relation dépasse largement leur amour commun pour le pâté de volaille et les tartes aux fruits du moment. Entre eux se développe une relation à la fois affective et sensuelle, que l’institution du mariage ne pourrait célébrer aussi bien que ces moments intimes passés ensemble au lit ou en pleine préparation culinaire.
L’aspect d’authenticité du film est saisissant : les personnages émincent, tranchent, font rissoler et mijoter au point de vous donner une faim insatiable (un conseil, mangez bien avant de voir le film). Tout ceci se fait sous les recommandations avisées du chef étoilé Pierre Gagnaire, qui sert en tant que conseiller gastronomique et apparaît dans une des scènes du film.
Sous les projecteurs à Séoul ! Cobweb de Kim Jee-woon
Dans ce duo aux prouesses culinaires, Tran Anh Hung introduit un drame – l’état de santé précaire de la bien-aimée et l’intégration d’une très jeune chef cuisinière prodige. Sans mentionner l’une des décisions inexplicables du jury de Cannes, il faut admettre que ce film ne laisse finalement que peu de souvenirs, hormis quelques conseils de cuisine déroutants. Est-ce réellement nécessaire ? On peut se le demander.
Depuis plus de deux décennies, le meilleur du cinéma sud-coréen a fait son chemin jusqu’à nos salles de cinéma françaises, grâce à des réalisateurs comme Bong Joon-ho (Parasite, Memories of Murder), Park Chan-wook (Old Boy), et d’autres encore. Parmi ces talents, on peut citer Kim Jee-woon, qui nous avait déjà captivés avec A Bittersweet Life et I Saw the Devil.
Il revient avec cette comédie extravagante et délirante, qui se présente comme un vibrant hommage au cinéma. L’histoire tourne autour d’un réalisateur des années 70, qui porte le même nom que lui, et qui est prêt à tout pour obtenir deux jours de tournage en plus, même après le clap de fin, convaincu que cela fera de son film un véritable chef-d’œuvre.
Le tout se déroule à contrecœur sous la menace d’une productrice insupportable, et de la censure mise en place par la dictature alors en place. On y voit également les crises émotionnelles et d’égo de ses acteurs, tous plus fous les uns que les autres. Le film reflète bien le cinéma de son pays: extravagant, sensuel, parfois éreintant, mais toujours unique et rassembleur.