Thierry Fiorile et Matteu Maestracci nous présentent les nouvelles parutions cinématographiques de la semaine : « Le Garçon et le Héron », une réalisation signée Hayao Miyazaki, et « L’Enlèvement », un film de Marco Bellocchio.
Le Garçon et le Héron : Un chef-d’œuvre signé Hayao Miyazaki
Le Garçon et le Héron constitue le douzième film de Hayao Miyazaki. Il s’agit simultanément du plus introspectif de ses films et d’une synthèse des thèmes qui lui sont chers.
L’histoire tourne autour de Mahito, un garçon de 11 ans vivant à Tokyo durant la dernière période de la Deuxième Guerre mondiale. Après la triste perte de sa mère dans un incendie, il est contraint de quitter la capitale pour la campagne japonaise. Il découvre un manoir grandiose mais quelque peu mélancolique et une vaste propriété près d’une rivière. Son père choisit de se remarier avec la sœur cadette de sa défunte épouse et attend un enfant, laissant Mahito seul avec son chagrin.
Une rencontre avec un héron parlant, au visage humain dissimulé dans son bec, amène Mahito à faire des découvertes surprenantes. L’ouvrage Le Garçon et le Héron se hisse au rang de chef-d’œuvre dans l’œuvre de son créateur, avec une ambiance très proche de celle de Lewis Carroll.
Le film est une somme de thèmes tels que l’enfance, le deuil, la féerie, l’avenir de la Terre, l’histoire, et la guerre. Il crée un multivers à la fois rétro et très personnel, souvent éclatant avec des animaux à la fois magnifiques et intimidants, parfois compliqué, légèrement ironique, et constamment splendide.
L’Enlèvement : Une critique sociétale signée Marco Bellocchio
Depuis 1965, Marco Bellocchio utilise le cinéma pour raconter l’histoire complexe de son pays, en n’hésitant pas à critiquer la prédominance de l’Église catholique en Italie.
L’Enlèvement est basé sur une histoire vraie, aussi étonnante que peu connue. En 1853, le pape Pie IX ordonne la confiscation d’Edgardo Mortara, un garçon juif de sept ans à Bologne, parce qu’il aurait été baptisé sans la connaissance de ses parents par une ancienne servante. Edgardo est envoyé à Rome où il reçoit une éducation catholique rigoureuse, embrassant sa nouvelle foi et oubliant son héritage juif à la grande détresse de sa famille qui essaye sans relâche de le libérer de l’emprise du Vatican.
Le film se déroule sur deux heures comme un thriller religieux aux multiples enjeux, remarquablement réalisé par Bellocchio, un maître d’un style classique mais jamais daté, qui sait innover, notamment lors des scènes finales illustrant la réduction de la puissance du Vatican à Rome suite à la révolution de Garibaldi.
Présenté à Cannes, où Bellocchio a été une fois de plus négligé par le jury, L’Enlèvement révèle l’antisémitisme persistant de l’Église catholique. Le film sort dans les cinémas à un moment où les fanatismes religieux font malheureusement les gros titres.