Alexis Corbière m’a confié : on me conseille de garder les discussions controversées en privé, de régler nos divergences en interne, comme une famille qui nettoie son linge sale loin des regards indiscrets. Je suis encore en quête du lieu ou de la salle où ces discussions ont lieu.
Le 16 novembre, Alexis Corbière, élu de la Seine-Saint-Denis pour la France Insoumise, a fait part de ses interrogations sur les tactiques employées par le mouvement. « Je pense que nous sommes parfois responsables de la complexité du rassemblement [au sein de la Nouvelle Union Populaire Écologique et Sociale] », a-t-il déclaré sur 42mag.fr.
Fondée en mai 2022 avant les élections législatives, la Nouvelle Union Populaire Écologique et Sociale connaît actuellement une tourmente sérieuse. Durant plusieurs semaines, Fabien Roussel, leader national du Parti Communiste Français, n’a pas manqué d’exprimer son opposition à l’alliance entre la gauche et la France Insoumise. « La NUPES est terminée, c’est fini », a-t-il affirmé. De son côté, le Parti Socialiste a changé le nom de son groupe au sein de l’Assemblée nationale, excluant le sigle « Nupes ».
Alexis Corbière déplore ce choix de renoncer à l’alliance. « Cette situation ne doit pas signifier la fin. Je suis favorable à la continuation du principe d’unité, de coalition », a-t-il révélé sur 42mag.fr. « Jean-Luc Mélenchon avait raison lorsqu’il disait : ‘La Nupes est l’atterrissage le plus rapide pour un succès en 2027’. Je maintiens l’idée d’un rassemblement impératif ». Malgré cela, Alexis Corbière relate une expression fréquemment utilisée dans le milieu syndical : « La fusion est une bataille ». Certes, il a « tout à fait compris » que soutenir la Nupes n’était « pas une mince affaire ». Mais le député de la France Insoumise reste confiant sur l’avenir de la Nupes. « Nous devons continuer le combat et formuler des discours qui encouragent la coalition », insiste-t-il.
Les paroles de Manuel Bompard et de Jean-Luc Mélenchon sont en question
De façon plus générale, Alexis Corbière remet en question le « fonctionnement interne » de la France Insoumise. « Je souhaite respecter les directives de Jean-Luc Mélenchon : il faut nous améliorer ». Selon lui, « il est indéniable qu’une amélioration est nécessaire sur le plan démocratique ». Pour étayer son point de vue, il cite la sanction portée contre Raquel Garrido, considérée comme une preuve du problème. Le 7 novembre, suite à ses commentaires sur le fonctionnement du mouvement et sur Jean-Luc Mélenchon, elle a été écartée du groupe LFI à l’Assemblée nationale pour une période de quatre mois. « Il faut annuler la sanction. On ne peut pas résoudre les différends politiques à coups de sanctions », martèle Alexis Corbière. Comme lui, d’autres personnalités comme François Ruffin, Clémentine Autain ou Danielle Simonnet se sont élevées contre cette décision. « On me dit qu’il faut que les discussions se passent en privé, en famille », relate Alexis Corbière sans donner de nom. Mais selon lui, il n’y a pas d’espace pour ces échanges. « Je suis toujours à la recherche d’un endroit où cela pourrait se dérouler », déplore-t-il, alors que l’on repousse depuis un an et demi ce débat en raison d’enjeux à court terme tels que la question des retraites.
Alexis Corbière, député LFI de Seine-Saint-Denis souhaite pointer du doigt « un problème global ». Il « ne souhaite mettre personne en particulier en cause » car « si on se focalise sur l’individu, on détourne du politique ». Cependant, il compte Manuel Bompard, coordinateur du mouvement France Insoumise, et « la voix de Jean-Luc Mélenchon », ainsi que « la stratégie actuelle du mouvement » parmi les sources du problème selon lui. Il réaffirme sa volonté de « dialoguer » pour surpasser les différences au sein de la France Insoumise. « J’espère que ce sera possible dans les mois à venir. Pourquoi en serait-il autrement ? », termine-t-il.