Une victime, devenue activiste des droits de l’enfant, souligne que la mise en place de la Ciivise a été une réponse importante à un problème social, mais insiste sur le fait qu’il est désormais crucial d’accompagner ces mesures de manière adéquate. Elle accuse la société de ne pas assurer une protection suffisante aux enfants victimes, ce qui suscite beaucoup d’espoir mais aussi beaucoup de déception.
« Protégeons les victimes, allons chercher ces enfants », appelle vendredi 17 novembre sur franceinfo Arnaud Gallais, activiste des droits de l’enfant, membre de la Commission indépendante sur l’inceste et les violences sexuelles faites aux enfants (Ciivise). Trois ans après sa création, cette commission rend un rapport vendredi dans lequel elle préconise 82 mesures, dont l’imprescriptibilité des violences sexuelles sur mineurs. Arnaud Gallais affirme que si cette mesure est transcrite dans la loi, « plus jamais les agresseurs ne pourront bénéficier d’une forme d’impunité qu’on connaît aujourd’hui ».
Ces recommandations peuvent-elles répondre aux traumatismes ?
Bien évidemment, car ces recommandations répondent à toute la souffrance que vivent les victimes et à ce que le président de la République a nommé lui-même en 2021. Emmanuel Macron, suite au mouvement MeTooInceste, avait déclaré : « Vous ne serez plus jamais seuls ». Selon Arnaud Gallais, cette aide sociale est aujourd’hui nécessaire et indispensable pour les victimes. Il souligne l’importance des 27 000 témoignages recueillis en deux ans, illustrant ainsi la gravité et l’étendue du problème social.
La recommandation majeure de ce rapport est la proposition de rendre imprescriptibles les violences sexuelles sur mineurs. Ainsi, une personne pourra témoigner de sa victime à tout moment de sa vie. Arnaud Gallais affirme que ce mécanisme existe déjà en Europe dans des pays tels que l’Angleterre, les Pays-Bas et la Belgique. Il souligne l’importance de tenir compte de l’amnésie traumatique et de toutes les conséquences psycho-traumatiques, ainsi que de l’influence des schémas d’inceste.
Arnaud Gallais souligne également un autre défi à la mise en œuvre de ces recommandations : il note que « 73% des plaintes pour viol sur mineur sont classées sans suite, ça veut bien dire qu’on est dans un régime d’impunité totale. » Il préconise la nécessité d’agir en faisant référence à la demande du président.
Le président avait déclaré en effet « On vous écoute, on vous croit. Vous ne serez plus jamais seul » lors du lancement de la commission. Malgré cela, Arnaud Gallais souligne que seulement 8 % des personnes ont reçu un soutien social positif, ce qui signifie que dans la grande majorité des cas, les enfants ont été entendus, mais n’ont pas été protégés.
Arnaud Gallais, activiste des droits de l’enfant, affirme qu’il faut protéger les victimes, qu’il faut aller chercher ces enfants et souligne la nécessité pour le pouvoir politique d’être à la hauteur des enjeux.
Le rapport de la commission met en lumière le large impact des violences sexuelles et de l’inceste infantile, et appelle à une action urgente sur la base de ces recommandations. N’hésitez pas à demander de l’aide en cas de danger ou pour témoigner d’abus : le 119 est le numéro à retenir.