Reconnu pour son interprétation dans le feuilleton « Nestor Burma », Guy Marchand était aussi une figure emblématique du cinéma, notamment à travers « Garde à vue », en plus d’être un amateur de musique sophistiquée, un jazzman et un chanteur de charme.
Le célèbre détective de télévision, Guy Marchand, nous a quittés
Décédé le vendredi 15 décembre à 86 ans, Guy Marchand était surtout connu pour son rôle de Nestor Burma, le détective parisien, qu’il a joué dans une série de 1991 à 2003, d’après le personnage du même nom imaginé par l’écrivain Léo Malet. Ses enfants, Jules et Ludivine, ont informé l’AFP de son décès paisible à l’hôpital de Cavaillon dans le Vaucluse.
Guy Marchand est né le 22 mai 1937 à Belleville, Paris. Il intégra l’industrie du cinéma dans sa vingtaine en tant que parachutiste et contribua en tant que consultant technique au film américain « Le Jour le plus long » (1962), un film basé sur le débarquement allié en Normandie pendant la Seconde Guerre mondiale.
« Je suis Nestor Burma ! »
Guy Marchand, qui a connu une carrière d’acteur à la fois au cinéma et à la télévision, a joué dans plus d’une centaine de films aux côtés de certains des plus grands réalisateurs français, dont François Truffaut, Maurice Pialat, Claude Pinoteau, Claude Miller, Bertrand Tavernier, Costa-Gavras et Alain Corneau.
Sa carrière au cinéma a débuté en 1971 lorsqu’il a joué aux côtés de Brigitte Bardot et Lino Ventura dans « Boulevard du Rhum » de Robert Enrico. Il a ensuite enchaîné avec plusieurs autres films, dont « Une belle fille comme moi » de François Truffaut, « Attention les yeux » de Gérard Pirès (1975), « Tendre Poulet » de Philippe de Broca (1977) et « Loulou » de Maurice Pialat (1979).
Sa prestation dans « Coup de torchon » de Bertrand Tavernier en 1981 a été remarquée, mais c’est son rôle d’inspecteur adjoint de Lino Ventura dans « Garde à vue » de Claude Miller la même année qui lui a valu le César du meilleur acteur dans un second rôle. Cependant, c’est avec le personnage du détective privé Nestor Burma, qu’il a incarné dans la série télévisée éponyme diffusée sur France 2 de 1991 à 2003, qu’il a marqué les esprits. Il avait d’ailleurs déclaré à France 3 en 2015 : « Nestor Burma, c’est moi ! ». En 2017 et 2018, il avait joué son propre rôle dans la série « Dix pour cent ».
Un artiste multitalent
Reconnu pour son humour sarcastique et sa retenue plutôt charmante, Guy Marchand était un véritable caméléon artistique. À la fois chanteur crooner et musicien de jazz, il a également œuvré comme acteur. Son père, qui travaillait la nuit comme régisseur à Bobino, l’avait initié tant au jazz manouche qu’à la clarinette (et à la boxe). Cependant, il se considérait d’abord et avant tout comme un chanteur.
Son premier succès en tant que chanteur remonte à 1965, avec la chanson « La Passionnatta ». Il s’est ensuite affirmé avec « Moi, je suis tango », une adaptation de « Libertango » d’Astor Piazzolla, puis « Destinée », créé par Vladimir Cosma pour les bandes originales des films « Les Sous-doués en vacances » de Claude Zidi et « Le Père Noël est une ordure » de Jean-Marie Poiré (1982). « C’était une blague, un non-sens pour l’été, et nous en avons vendu 250 000 exemplaires ! J’étais vexé », avait-il dit. Il a sorti au total 19 albums, dont le dernier « Né à Belleville » est sorti en 2020.
Outre ses talents de chanteur et d’acteur, Guy Marchand s’est également essayé à l’écriture. Après avoir rédigé son autobiographie « Le Guignol des Buttes-Chaumont » au milieu des années 2000, il a publié quelques romans comme « Un rasoir dans les mains d’un singe » (2008) et « Le Soleil des enfants perdus » (2011), pour lequel il a reçu le prix Jean Nohain. Son dernier ouvrage, « Carnet d’un chanteur de casino hors saison », a été publié en 2015.