Selon un document de la Banque mondiale, le conflit entre Israël et le Hamas a replacé le Liban en situation de récession économique. Les troubles dans la partie sud du pays, qui impliquent le Hezbollah et le gouvernement, ont nui gravement à la période touristique des célébrations de fin d’année.
Effondrement de l’économie et instabilité politique : le crève-cœur libanais
C’est dans une atmosphère lourde de désarroi que le Liban clôture l’année 2023. La Banque mondiale avait initialement prévu une petite embellie économique pour le pays, tablant sur une croissance de +0,2%. Or, c’est un espoir novateur depuis la détérioration économique et financière notoire de 2018; une année durant laquelle le pays avait dû stopper le remboursement de sa dette, conduisant à une réduction de plus de 90% de la valeur de sa devise.
Le gouvernement libanais comptait profiter de la rentrée de devises avec le retour de nombreux Libanais vivant à l’étranger, venus célébrer les fêtes de fin d’année chez eux. Cependant, l’intensification du conflit à Gaza et ses répercussions dévastatrices à la frontière Libano-israélienne ont anéanti ces prédictions. D’après des chiffres de la Banque mondiale, plus de la moitié des réservations de voyages pour le Liban ont été annulées pour la période hivernale.
Un dommage considérable est aussi à noter dans l’agriculture du Sud-Liban, qui constitue 80% du PIB local. C’est ce que signale le Programme des Nations unies pour le développement (PNUD). En effet, des bombardements ont eu lieu lors d’une période critique pour les récoltes, en particulier celle des olives. Près de cent villages ont subi des attaques transfrontalières de la part de l’armée israélienne.
Une position politique restreinte pour un gouvernement démissionnaire
Le Liban semble être en suspension, avec une politique interne dans l’impasse. Le pays est en effet sans président depuis un an maintenant, suite au départ de Michel Aoun du palais de Baabda. Depuis, le siège de la présidence, qui doit revenir à un chrétien maronite, reste vacant. Le Parlement a échoué à plusieurs reprises à élire un successeur. Malgré les pressions internationales pour résoudre ce problème d’élection, aucun candidat ne fait l’unanimité.
Le pays est aux mains du gouvernement démissionnaire du milliardaire Najib Mikati, dont les compétences sont limitées aux affaires courantes. Quant au commandant de l’armée, le général Joseph Aoun, dont le mandat se termine en janvier prochain, le Parlement vient de prolonger son service d’une année supplémentaire. Au final, on se retrouve avec une scène politique détachée de la réalité, complètement déconnectée des préoccupations des habitants du Liban, qui peinent à joindre les deux bouts en raison de leurs difficultés financières.