Rima Abdul Malak avait révélé la veille qu’une « action disciplinaire » était sur le point d’être lancée, possiblement menant à la suppression de la Légion d’honneur de l’acteur.
« Les paroles et comportements » de l’acteur français Gérard Depardieu, observés lors de l’épisode de l’émission « Complément d’enquête » diffusée sur France 2 « ne correspondent pas aux attentes que l’on a de la vertu des actions individuelles » et, par conséquent, aux valeurs de la Légion d’honneur, déclare Rima Abdul Malak, la ministre de la Culture, à 42mag.fr ce samedi 16 décembre. Vendredi, sur France 5, la ministre a annoncé qu’une procédure disciplinaire serait engagée par la Grande Chancellerie de la Légion d’honneur à l’encontre de M. Depardieu, qui fait l’objet de deux accusations de viol et d’agression sexuelle. Plus tôt dans la journée, Rima Abdul Malak avait suggéré que Gérard Depardieu « porte atteinte à l’image de la France ».
franceinfo : Quel message la mise en place de cette procédure disciplinaire envoie-t-elle ?
Rima Abdul Malak : La Légion d’honneur est la distinction la plus prestigieuse de notre pays. Elle symbolise le mérite des actes ou des carrières individuels, qui contribuent à façonner notre grandeur collective. C’est la raison d’être de la Légion d’honneur. Les paroles et comportements de M. Depardieu, que nous avons vus dans « Complément d’enquête » et pendant son voyage en Corée du Nord, ne sont pas en phase avec l’idée que l’on se fait de l’honneur des actions individuelles. Il faut bien faire la différence entre ces paroles et les actes pour lesquels il y a des accusations de viol. C’est à la justice de donner son avis sur ces derniers, mais le Conseil de l’ordre saura distinguer ce qui relève de chacun. En règle générale, une exclusion de la Légion d’honneur est accompagnée d’une condamnation en justice.
Pourquoi engager cette procédure alors que Gérard Depardieu est pour l’instant considéré comme innocent ?
Il est effectivement présumé innocent et la présomption d’innocence est un principe fondamental de notre démocratie, mais la Légion d’honneur peut réagir à différents niveaux face à des comportements déshonorants. On ne tient pas uniquement compte des condamnations judiciaires. Il existe aussi certains comportements, actes ou déclarations qui peuvent être considérés comme déshonorants.
Est-ce que vous percevez dans cette démarche un geste de soutien envers les femmes du monde cinématographique ?
Pour moi, cela relève du respect de la dignité humaine. C’est à nous de prendre des initiatives. Le mouvement MeToo a commencé dans le monde du cinéma. Nous devons poursuivre, avec tous ceux qui sont impliqués dans le cinéma, la lutte contre les violences et le harcèlement sexuel. Sur les plateaux de tournage, j’ai décidé de lier les aides du Centre national du cinéma et de l’image animée (CNC) à des formations sur la lutte contre les violences sexuelles et sexistes. Ainsi, nous agissons concrètement pour que des paroles aussi provocantes et vulgaires que celles de Gérard Depardieu ne deviennent pas monnaie courante et [n’encouragent pas] à commettre des actes de violence sur les lieux de tournage. C’est ce que nous devons éviter à l’avenir.