Pour le dernier match de la phase de groupes de la Ligue des champions, le RC Lens accueillera le Séville FC mardi.
Les supporteurs du club espagnol Séville FC se trouvent en position d’inconfort à la suite d’une récente interdiction. Pour le match crucial en Ligue des champions que le club andalou doit jouer contre le RC Lens, le mardi 12 décembre (18h45), ses supporteurs ne pourront pas assister au match sur le terrain.
C’est Gérald Darmanin, le ministre de l’Intérieur, qui a signifié cette interdiction aux supporters de Séville deux jours avant le match, lors d’une annonce sur le média Brut. Cette déclaration a provoqué une vague de réactions, aussi bien chez les supporteurs du club espagnol que chez ceux du club de Lens. 42mag.fr: sport décrypte pour vous ce nouvel épisode de tensions entre les autorités et les supporteurs.
Souplesse des déplacements :
La ministre des Sports Amélie Oudéa-Castéra est à l’origine de cette décision gouvernementale : elle propose « un moratoire sur les déplacements des supporteurs » jusqu’au 18 décembre. Cela a été décidé en réaction à des évènements récents comme l’agression d’un bus de l’OL à Marseille le 29 octobre, et le décès d’un supporter de Nantes le 2 décembre suite à une bagarre avec des supporters niçois.
La ministre souhaitait un durcissement des règles de sécurité dans les stades, ce que le ministère de l’Intérieur a concrétisé en annonçant le 8 décembre, l’interdiction des déplacements pour les supporteurs adverses pour huit matchs (cinq en Ligue 1, trois en Coupe de France). Cette mesure a pour but de prévenir un « risque concret et majeur d’affrontements entre supporters », dans une situation de plus en plus inquiétante marquée par une exacerbation des violences entre supporteurs.
Malgré ces nouvelles restrictions, le Conseil d’État a suspendu quelques heures avant le match entre Montpellier et Lens certaines de ces interdictions, les jugeant « disproportionnées » et portant « atteinte aux libertés fondamentales ». Pourtant, cela n’a pas empêché le ministre de l’Intérieur d’interdire de nouveau un déplacement de supporters, cette fois pour des supporters étrangers, mettant en lumière le caractère problématique de certains événements liés au football, oùs certains supporteurs se montrent particulièrement violents.
La réaction du Séville FC suite à l’annonce:
En Andalousie, cette annonce a fait l’effet d’une bombe. Le Séville FC a rapidement réagi en publiant un communiqué incisif le dimanche 10 décembre. Le club souligne d’abord qu’il n’a pas été informé de cette décision par l’UEFA ou les autorités françaises et dénonce une décision « pénalisant ses supporters et le monde du football en imposant des mesures disproportionnées qui ne semblent pas justifiées ».
Pour contester cette décision, Séville a « fait appel au gouvernement espagnol », soulignant que « beaucoup de supporters ont déjà confirmé leurs vols et leurs voyages en France pour voir le match contre Lens ». Le club a conclu son communiqué en annonçant qu’il va déposer une plainte formelle auprès de l’UEFA pour contester la procédure.
Le lundi 11 décembre, Séville a également déclaré vouloir déposer un « recours urgent » avec l’Association Nationale des Supporters (ANS) contre l’interdiction d’accès à la ville et aux environs pour ses supporters, ainsi que contre l’interdiction des vols du Ministère de l’Intérieur français. L’ambition du club espagnol est de trouver une solution le plus rapidement possible, peut-être même mardi matin.
Support et solidarité des supporteurs de Lens:
Les supporteurs andalous ne sont pas seuls dans leur combat. En effet, ils ont reçu l’appui des supporteurs du club de Lens et même de l’Association Nationale des Supporters Français (ANS) qui a partagé « Chers amis de Séville, nous nous excusons au nom du football français ».
Les supporters du Racing, surtout les Red Tigers, le principal groupe de supporters, voulaient assister au match et ont également déploré l’annonce de Gérald Darmanin à travers un communiqué. Ce message adressé au gouvernement rappelle que les « supporters de Séville ont déjà réservé et payé leurs moyens de transport, leurs places et leur nuit d’hôtel et n’ont pas à pâtir de votre incompétence ». Ils annoncent également qu’ils feront tout pour « accueillir les supporters de Séville, même si cela signifie leur céder leurs places dans les gradins ».
Franck Haise, l’entraîneur lensois, a également commenté cette décision auprès de l’AFP le lundi. Le coach regrette la prise de décision « de dernière minute » et estime que cela n’est pas « la bonne solution » et pose la question de l’accueil des Jeux olympiques l’été prochain à Paris. « Ils sont 300 ou 400, et au dernier moment, on leur interdit l’entrée parce qu’il y a certains problèmes et tous les pays en ont (….) Comment va-t-on faire pour les Jeux olympiques, si on ne peut pas accueillir 300 Sévillans sur notre sol ? », s’est interrogé l’entraîneur du club nordiste.