Le Rassemblement national a adopté la loi sur l’immigration, infligeant ainsi une épreuve difficile au gouvernement.
La perspective d’un vote du RN crée un bouleversement
Des secousses ont été ressenties dans l’équipe gouvernementale suite à la menace d’un vote du RN, d’après un conseiller proche du dossier. Un vent de révolte souffle dans certains ministères, avec des ministres prêts à démissionner comme Aurélien Rousseau à la Santé, Patrice Vergriete au Logement, Sylvie Retailleau à l’Education supérieure. Cette situation est également difficile à accepter pour des personnalités comme Rima Abdul Malak à la Culture, Roland Lescure à l’Industrie et Clément Beaune.
D’ailleurs, un dîner a été organisé mardi soir chez le ministre des Transports avec Roland Lescure, Sylvie Retailleau et Patrice Vergriete. Après cet évènement, ils se sont rendus ensemble à Matignon pour rencontrer Élisabeth Borne.
Les avertissements sont-ils réels ou s’agit-il simplement de tactiques pour mettre la pression ? Il est difficile d’apporter une réponse définitive, car la situation évolue constamment. Certains ministres sont encore indécis. Leurs collègues ne sont pas plus fixés : « La situation est grave », déclarent certains, tandis que d’autres pensent qu’il s’agit d’une « tactique destinée à faire abroger le texte ». Il y a beaucoup de conjectures et presque autant de réponses que de personnes interrogées : « Il est sûr qu’il va démissionner », « Non, cet individu ne le fera jamais, par contre, l’autre pourrait le faire ». Dans cette ambiance tendue, certains conseillers ministériels tentent même d’obtenir des informations auprès des journalistes.
« Ce projet de loi sur l’immigration est un échec total »
En tous cas, la stratégie de pression a produit ses effets, car Emmanuel Macron a annoncé qu’en cas d’adoption du texte grâce aux votes du RN, une nouvelle délibération sera demandée. Cependant, il y a des divergences d’opinion quant à l’interprétation des chiffres : au ministère de l’Intérieur, on prétend que le texte a été adopté sans les votes du RN. « Ils nous manipulent », s’énerve un ministre. Un conseiller rétorque : « Si le RN s’abstenait, le texte serait adopté », une théorie qui ne convainc pas grand monde. Globalement, personne n’est vraiment à l’aise avec la situation au sein du gouvernement.
« C’est compliqué », reconnaît un conseiller. Toutefois, un membre du gouvernement encourage ses collègues à ne pas « ajouter de la crise à la crise, cela reviendrait à tomber dans le piège grossier du RN ». Selon lui, « il faut consacrer toutes nos forces à dénoncer la supercherie du parti de Marine Le Pen », qui considérait ce texte comme un aimant à immigration, prévoyant des régularisations de travailleurs sans papiers. Le gouvernement concentre désormais ses efforts sur ce point. « Le RN est rusé, nous ne devons pas nous laisser berner », souligne un autre ministre. Par coïncidence, c’est mercredi soir qu’est prévu le dîner de Noël du gouvernement à Matignon, avec Élisabeth Borne et leurs conjoint(e)s. Un conseiller prévoit un dîner tendu : « ça risque d’être houleux ». La question se pose : combien de temps cette équipe gouvernementale restera-t-elle en place ? « Ça ne peut pas continuer comme ça », prédit une figure importante du macronisme, « car ce projet de loi sur l’immigration est un véritable fiasco ».