Il demeure encore incertain si un vote concernant la législation sur l’immigration aura lieu à l’Assemblée et au Sénat. En effet, les délibérations de la commission mixte paritaire sont censées reprendre ce mardi pour finaliser, ou non, un texte qui sera ensuite présenté pour un vote. Cependant, le processus de la loi sur l’immigration offre déjà une expérience instructive à la majorité.
Bien que le 1er janvier soit encore loin, le temps pour initier des résolutions salutaires est déjà là, notamment pour éviter certaines erreurs commises au regard de la loi sur l’immigration. Par exemple, le fait d’exercer une pression excessive sur Les Républicains (LR) n’apparaît pas comme une stratégie réussie lorsque l’on a désespérément besoin de leurs votes. « Darmanin a été trop opportuniste, il a fini par être remarqué », déplore un conseiller du gouvernement actuel. La tactique consistant à tenter de convaincre chaque député LR en privé, tout en se montrant intransigeant en public, a seulement réussi à exaspérer Éric Ciotti et son équipe. Depuis le rejet de la motion, la technique utilisée par Élisabeth Borne qui négocie avec les dirigeants LR est plus appréciée : « Elle incarne l’anti-Gérald,commente un ministre, avec une approche plus subtile, elle donne une leçon à la technocratie. » Cependant, à ce jour, cette approche ne garantit pas nécessairement le succès.
De même, la décision d’entamer les démarches parlementaires liées au texte sur l’immigration en février dernier au Sénat, est perçue comme une faute par les soutiens de Macron. Lors d’un dîner de crise la semaine passée, le Président Macron a manifesté son regret que le texte sur l’immigration ait été d’abord présenté au Sénat, dominé par la droite. « C’est une erreur qu’il ne faut pas réitérer », s’indigne un député de l’aile gauche de la majorité. La même question se posera pour les futurs textes d’importance, car à la lumière de cet épisode, « on a le sentiment que le Sénat est devenu trop sûr de lui », reconnait un conseiller du gouvernement. La confirmation de cette attitude est venue mercredi dernier, lorsque les sénateurs ont annihilé en commission deux nouveaux délits prévus dans le projet de loi contre les abus sectaires, que le gouvernement tente actuellement de réintégrer dans le débat à l’Assemblée aujourd’hui et demain.
Des résolutions salutaires pour 2024
En outre, la façon dont le gouvernement traite les parlementaires figure également sur la liste des aspects à améliorer. « Il est important que les députés sentent qu’ils sont respectés par le gouvernement », déclare fermement un ministre. D’autant plus lorsqu’ils font partie de la majorité, à un moment où la notion de « en même temps » dans le domaine de l’immigration vacille. « Macron ne voit plus ses députés depuis un bon moment », constate un conseiller, qui y voit une idée pour une résolution bénéfique pour le président. Respecter les députés passe également par une bonne communication lorsqu’un ministre se rend dans leurs régions, voire mieux, « préparer le programme avec eux, qu’ils soient de la majorité, chez LR ou même au PS », suggère un membre du gouvernement. Une autre proposition à ses collègues serait d’accorder plus d’attention aux questions écrites envoyées par les députés aux ministres. Les chiffres parlent d’eux-mêmes : depuis juin 2022, 13 774 questions ont été envoyées. Seules 62% ont reçu une réponse et à peine 21% dans un délai de deux mois. Pour résumer, un député de la majorité affirme que : « Le gouvernement doit apprendre à cohabiter avec un Parlement où il est minoritaire ».