Il se pourrait que toutes les forces d’opposition se réunissent pour voter une motion de rejet initial à l’égard du projet de loi sur l’immigration, ce qui interromprait immédiatement les discussions au parlement. Afin d’éviter une telle situation critique, la présidence du gouvernement enjoint les ministres à renoncer à toute sortie afin d’assurer une présence complète des députés dans l’espace parlementaire.
Le directeur de cabinet d’Élisabeth Borne a communiqué une instruction le jeudi 7 décembre : « La cheffe du gouvernement demande l’annulation de tous les déplacements ministériels » prévus pour le lundi 11 décembre, jour du début de l’examen du projet de loi sur l’immigration à l’Assemblée. Les discussions débuteront par l’examen d’une proposition de rejet préliminaire qui, si approuvée par les partis d’opposition, mettrait fin immédiatement aux débats.
En empêchant les ministres de sortir, l’intention est de garantir que tous les députés de la majorité soient bien présents dans l’hémicycle à 16 heures précises pour l’ouverture des débats, plutôt que d’accompagner un ministre en visite dans leur circonscription. Ce message de Matignon met l’accent sur « l’importance de la mobilisation de la majorité ».
Unir ses forces
Cela indique que le gouvernement ne souhaite « pas prendre de risque », insiste un conseiller de l’exécutif. L’ambition est de faire union, car « chaque voix va compter », dit un autre, même si un ministre ne veut pas croire à une « alliance entre des personnes qui sont en désaccord sur tout ». C’est la proposition de rejet des Écologistes qui sera examinée. Le RN réagit avec surprise lorsqu’on lui demande s’ils vont voter pour ou pas, tiraillés entre infliger un coup dur au gouvernement ou profiter d’une tribune sur l’immigration pendant 15 jours.
Pour LR, la situation est complexe : certains aimeraient faire tomber Gérald Darmanin; d’autres refusent l’idée de mélanger leur voix à celles des Verts, avec lesquels ils n’ont aucun point commun en matière d’immigration. Une ministre se rassure en précisant : « Le fait que cette proposition soit écologiste réduit le risque ». Cependant, personne ne peut prévoir ce qui va se passer : « C’est tout ou rien » déclare un proche de Gérald Darmanin. « Nous serons présents », insiste un député, « mais si jamais ils arrivent à se mettre d’accord, du RN à LFI, nous serons vaincus, nous en sommes conscients ». L’épineuse question de la majorité relative demeure.